jeudi 20 septembre 2018

On n'est pas là pour disparaître d'Olivia Rosenthal

Retour aujourd'hui sur un roman lu en début d'année, sur le thème de la maladie d'Alzheimer. Celui-ci est une fiction, mais comporte quelques citations qui m'ont marquée, qui m'ont parlé, en ce qu'elles font écho en moi à des mots que je peux entendre dans la bouche de mon grand-père. 

Année de parution : 2007
Nombre de pages : 216 pages
Genre : contemporaine
Edition : Verticales







Synopsis :
« Le 6 juillet 2004, Monsieur T. a poignardé sa femme de cinq coups de couteau. Quand, lors de son interrogatoire, on a demandé à Monsieur T. pourquoi il avait agi de la sorte, il a été incapable de répondre. Comment vous appelez-vous ? Pas moi. Quel est votre prénom ? Il ne m’appartient pas. »

Mon avis :

C'est la deuxième fiction que je lis sur le sujet, bien différente de la première qui était un journal intime à destination d'un petit-fils (Ce cahier est pour toi - Valérie Dayre).

Ici la forme est plus originale. Plus déstabilisante, aussi. C'est un mélange de récit, de pensées de l'autrice sur la maladie, et d'histoire.
* Le récit, d'abord, part d'un fait divers : au cours d'une crise de démence, l'une des manifestations possibles de son trouble, Mr T., malade d'Alzheimer, a poignardé sa femme. Il est incapable de se remémorer les événements, le comment, le pourquoi, qui sont pourtant les questions au cœur des préoccupations de tout leur entourage.
Comment gérer la situation ? Comment traiter le malade, qui a agi en n'étant manifestement plus lui-même ? Autant de questions difficiles et capitales.

* Les pensées de l'autrice sont une sorte d'exutoire à sa crainte de faire face un jour à la maladie. Ces pensées sont comme elles viennent, jetées sur le papier. Nous sommes finalement assez proche d'un journal intime très sélectif.


" Ce livre a pour but de m'accoutumer à l'idée que je pourrais être un jour ou l'autre atteinte par la maladie de A. ou que, plus terrible encore, la personne avec qui je vis pourrait en être atteinte."

* Des éléments d'histoire de la médecine, avec la première description en 1906 de cette terrible maladie par un docteur allemand, le Dr Alois Alzheimer. Notons tout de même qu'il a pu, à l'époque déjà, identifier les lésions correspondant à cette maladie lors d'une autopsie !

Certes la forme est particulière, et toutes les parties ne m'ont pas autant intéressée. Ce qui m'a le plus touchée, parlé, évidemment, ce sont les pensées attribuées à Mr T. Elles nous permettent d'appréhender, bribe par bribe, les différentes manifestations de la maladie. Le désarroi face à la mémoire qui file. Les processus élaborés pour échapper aux questions posées. Et c'est plutôt bien fait :


" De quelle couleur est le sang ?
Rouge
Et la neige ?
Blanc.
Et le lait ?
C'est bon.
Citez-moi le nom d'une fleur.
Je les adore toutes."

J'ai tellement observé cette façon de faire. Détourner les questions dont on ignore la réponse, ou faire une pitrerie pour détourner l'attention. C'est tellement flagrant, quand on y prête attention. 

Mais on y trouve aussi une forme de poésie, une note qui donne espoir. On nous explique comment Mr T., tous les jours, embrasse sa femme pour la première fois. C'est beau, c'est doux. Ça serait presque enviable, ce retour à la jeunesse, si c'était partagé et pas entouré de tous les aspects terribles associés à la maladie d'Alzheimer.

Je regrette de ne pas avoir écrit ma chronique plus tôt pour pouvoir vous parler mieux de ce livre.

Allez, pour me faire pardonner, je partage une chanson sortie cette année qui entre parfaitement dans la thématique. C'est cadeau.




Si vous avez un·e proche malade d'Alzheimer ou maladie apparentée, l'association France Alzheimer possède des antennes dans tous les départements. Elles proposent des "formations aidants"  gratuites animées par un duo bénévole/psychologue et sont hyper bénéfiques pour la compréhension de la maladie, et pour apprendre à gérer au mieux le quotidien. Si ce n'est pas fait, courez-y !

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