mardi 21 août 2012

L'enfant de Noé d'Eric-Emmanuel Schmitt

Après une première découverte d'Eric-Emmanuel Schmitt avec Oscar et la Dame rose, que j'avais adoré, j'étais désireuse de connaître un peu mieux cet auteur. C'est chose faite, puisque je viens de terminer, dans le cadre du Baby Challenge Littérature contemporaine de Livraddict, L'enfant de Noé.

Éditions Albin Michel
189 pages
Contemporaine, drame

Synopsis :
" - Nous allons conclure un marché, veux-tu ? Toi, Joseph, tu feras semblant d'être chrétien, et moi je ferai semblant d'être juif. Ce sera notre secret, le plus grand des secrets. Toi et moi pourrions mourir de trahir ce secret. Juré ? - Juré. " 1942. Joseph a sept ans. Séparé de sa famille, il est recueilli par le père Pons, un homme simple et juste, qui ne se contente pas de sauver des vies. Mais que tente-t-il de préserver, tel Noé, dans ce monde menacé par un déluge de violence ? Un court et bouleversant roman dans la lignée de Monsieur Ibrahim... et d'Oscar et la dame rose qui ont fait d'Eric-Emmanuel Schmitt l'un des romanciers français les plus lus dans le monde.

Mon avis :
On reste dans le thème précédent, celui de la deuxième guerre mondiale, mais cette fois traité à travers un roman. Pas de scènes de déportation, de morts, de "trash" ici, mais l'histoire d'un jeune garçon de sept ans, Joseph, qui, à l'abri dans un pensionnat tenu par un curé, va apprendre qui il est...

Plus que la guerre en elle-même, c'est ici les religions qui sont évoquées de façon habile. Schmitt montre en effet ce qui rapproche et sépare catholicisme et judaïsme, sans jamais caricaturer. Parallèlement à ça, les relations entre les personnages, tous attachants, évoluent rapidement, et sont bien exploitées. 

Au début gênée par le ton enfantin, puisque tout est raconté du point de vue de Joseph, qui jure un peu avec les réflexions poussées par moments, je me suis vite laissée embarquer dans le récit, en appréciant sa fluidité, son côté aéré, et les émotions qu'il nous fait ressentir. De la pitié et de la tristesse, de l'incompréhension, de la douleur... de l'espoir aussi... On ne peut s'empêcher d'espérer que tout finira bien pour notre protagoniste, sans trop savoir pourtant ce qui va advenir de lui !

Même si L'enfant de Noé m'a moins bouleversée qu'Oscar et la Dame rose, il m'a émue, en particulier à la fin, et confirme la bonne impression que j'avais eu sur l'auteur !
Prochaine étape, donc, La part de l'autre...

Maus d'Art Spiegelman

Cela faisait des années et des années que je voulais lire cette BD devenue culte, et pourtant je trainais... Merci la fonction réservation en ligne de la médiathèque qui m'a permis de mettre la main dessus... Enfin !

Éditions Flammarion (Intégrale)
296 pages
Histoire, drame, bande dessinée

Synopsis :
Maus est une bande dessinée d'Art Spiegelman. Elle raconte, à travers le dialogue de l'auteur et de son père, juif polonais, survivant des ghettos et d'Auschwitz, l'histoire des persécutions nazies, depuis les premières mesures anti-juives jusqu'à l'effondrement du Troisième Reich et l'immédiat après-guerre.
Maus a reçu le prix Pulitzer en 1992 et a été traduite en dix-huit langues.


Mon avis :
Cette bande-dessinée est passionnante dans le sens où elle nous fait vivre la deuxième guerre mondiale de l'intérieur, du point de vue d'une famille juive. Il s'appuie surtout sur les rafles, les camps, et la persécution des pratiquants de cette religion.

Sur le fond, Maus est un beau témoignage d'une période noire dans l'histoire du monde entier... Il nous fait découvrir avec force réalisme le quotidien douloureux des juifs, entre fuite continuelle, mauvais plans, délation, et perte d'êtres chers. Le lecteur est forcément touché par tout cela !
Les personnages sont plus ou moins attachants... Le père de famille, s'il est correct et passionné en tant que jeune homme pendant la guerre, est détestable à l'époque contemporaine, et le découvrir ainsi en parallèle n'aide pas à s'attacher à lui !

Sur la forme, c'est là que l'ouvrage est à mon avis le plus remarquable. Entièrement en noir et blanc, ce qui s'accorde bien avec le thème, je trouve. En effet, on imagine aisément que la vie des gens à cette époque était loin d'être rose. Les personnages y sont représentés avec des têtes d'animaux qui diffèrent selon la nationalité ou la religion. L'auteur figure même dans son livre, dans la deuxième partie de l'histoire surtout, où il partage avec sa femme ses interrogations sur son travail. J'ai regretté que certaines bulles soient parfois très encombrées.

En résumé, c'est une bande-dessinée qu'il faut avoir lu tant elle est célèbre ! A l'heure où on nous rabâche les oreilles avec le devoir de mémoire sans pour autant savoir comment y intéresser nos jeunes, voilà un beau témoignage distrayant, vrai, et facile à lire !

mercredi 1 août 2012

Le Passeur de Lois Lowry

Toujours dans le cadre du Baby Challenge Science-fiction, toujours en littérature jeunesse mais beaucoup plus vite lu que le combat d'hiver, voici mon avis sur Le Passeur de Lois Lowry.

Éditions L'école des loisirs (médium)
288 pages
Jeunesse, dès 10 ans.

Synopsis : 
 Dans le monde où vit Jonas, la guerre, la pauvreté, le chômage, le divorce n'existent pas. Les inégalités n'existent pas. La désobéissance et la révolte n'existent pas. L'harmonie règne dans les cellules familiales constitués avec soin par le comité des sages. Les personnes âgées ainsi que les nouveaux-nés inaptes sont "élargis", personne ne sait exactement ce que cela veut dire.
Dans la communauté, une seule personne détient véritablement le savoir : c'est le dépositaire de la mémoire. Lui sait encore comment était le monde, des générations plus tôt, quand il y avait encore des animaux, quand l’œil humain pouvait encore voir les couleurs, quand les gens tombaient amoureux.
Dans quelques jours, Jonas aura douze ans. Au cours d'une grande cérémonie, il se verra attribuer, comme tous les enfants de son age, sa future fonction dans la communauté. 
Jonas ne sait pas encore qu'il est unique. Un destin extraordinaire l'attend. Un destin qui peut le détruire.

Mon avis :
Voici un livre très prenant et donc très vite lu mais qui touche à des notions complexes. Derrière son allure de roman d'aventure, ce livre est en réalité un ode au libre-arbitre. En effet, le monde dans lequel vit Jonas est entièrement dévoué à l'Identique. Tout y est prévu, toute difficulté aplanie, toute émotion découragée. Tout y est terne aussi car les couleurs, la musique et les animaux ont disparu. Faute d’élément de comparaison et d'émotions, la population complètement formatée n'envisage pas de remettre en cause le système en place. Elle "élargit" impitoyablement tout élément pouvant menacer sa tranquillité.

Une seule personne, le Dépositaire des souvenirs, se rappelle encore des temps d'avant et sera en mesure de rêver à un Ailleurs ou un Autrement. C'est d'ailleurs cette mémoire accumulée et la capacité d'en tirer des leçons qui fait du Dépositaire la personne vers qui se tourne la communauté lorsqu'elle est en butte à un problème inédit.

Par contre, certains cotés du roman m'ont gênée. Tout d'abord, la description de la cérémonie d'élargissement m'a choquée. Je pense qu'elle est moins violente à lire pour un enfant qui saisira le sens de la scène mais sans percevoir l'impact de ce qui se cache derrière ce mot aussi complètement qu'un adulte.

Ensuite, deux légères incohérences à mon goût. Les animaux sont absents du monde de Jonas, à tel point qu'aucun des membres de sa communauté ne croit en leur existence, mais il en croisera à la fin du roman. Comment se fait-il que ces animaux, peu craintifs, n'aient jamais franchi la frontière ? La deuxième concerne l'âge des mères porteuses : choisies à douze ans avec au maximum un an de "formation" à ce métier, cela les fait accoucher vers treize ans. Ça me parait un peu tôt pour une société qui planifie aussi bien les choses (mais je chipote là).

Un excellent écrit donc si l'on veut faire réfléchir à l'utilité de la différence, ou tout simplement pour passer un bon moment.