mardi 26 juin 2018

La maison biscornue d'Agatha Christie

Suggestion m'avait été faite pour mes lectures de vacances d'y glisser un Agatha Christie, valeur sûre et que je ressens comme très estivale, malgré des sujets peu joyeux. Mon choix s'est porté sur La maison biscornue, que je ne connaissais pas du tout.

Année d'édition : 1949
Nombre de pages : 188 pages
Genre : policier
Edition : Le Livre de Poche







Synopsis :
Sous la domination d'un aïeul tyrannique, une étrange famille habite cette maison biscornue : deux fils, deux belles-filles, trois petits-enfants, une vieille tante...
Mais aussi la toute jeune seconde épouse du grand-père et le précepteur qui pourrait bien être son amant... Puis le grand-père meurt, qui peut bien l'avoir tué ? La seule personne qui semble avoir une idée précise sur la question c'est Joséphine, douze ans. Joséphine a des idées sur tout. Y compris sur l'art dramatique, les motivations des criminels et l'art d'empoisonner les gens. C'est un petit monstre très sympathique.
Et il faut être attentif aux petits monstres.

Mon avis :
C'est toujours un plaisir de retrouver la plume d'Agatha Christie qui, si elle a un peu vieilli par certains aspects, reste extrêmement agréable et distrayante.

La maison biscornue est à la fois le titre et le théâtre des événements. Une vieille demeure familiale toute tordue, qui abrite une famille non moins cabossée, malgré les apparences. Des apparences qu'ils s'efforcent tous de maintenir mais qui s'effritent largement le jour où Aristide, le grand-père, est empoisonné.

Les premiers soupçons s'orientent très vite sur Brenda, deuxième épouse d'Aristide et sa cadette de quelques décennies, très vite perçue comme une impitoyable veuve noire. Il faut dire que sa culpabilité arrangerait tout le monde, écartant la barbarie de la famille pure souche. Mais peu à peu, ce huis-clos passionnant et sombre révèle les secrets des uns et des autres et pointe du doigt une chose : toutes et tous auraient pu avoir quelque profit à tirer de ce décès. L'ambiance s'alourdit encore alors que chacun accuse son frère, son oncle ou sa belle-sœur.

Plusieurs figures mènent l'enquête en parallèle. Les détectives, bien sûr, c'est leur boulot. Mais ils reçoivent aussi l'aide de Charles, jeune homme fiancé à Sophia, l'aînée des petits-enfants. C'est aussi le fils de l'inspecteur principal, qui compte sur lui pour recueillir des informations de l'intérieur. Malheureusement, je l'ai trouvé assez insipide, n'osant pas poser trop de questions, de crainte de froisser la famille de sa douce. 
Joséphine, la plus jeune soeur de Sophia n'a quant à elle pas froid aux yeux. Elle se mêle de toute, mène l'enquête à sa façon, toujours accompagnée de son fidèle carnet de notes. Elle a un côté sale gosse qui la rend insupportable, mais c'est clairement le personnage qui a le plus de saveur dans ce roman !

De page en page, Agatha Christie nous promène, déplaçant nos soupçons alternativement sur l'un·e ou l'autre. Difficile d'écarter un·e suspect·e, et c'est ce qui rend l'histoire si captivante ! Jusqu'à la révélation finale... glaçante, et évidente après coup. Un coup de maître. Un Agatha Christie.

En somme, si l'intrigue est assez classique, la réalisation est magistrale, et on s'étonne d'avoir pu porter des accusations sur autant de personnages en si peu de pages. C'est une oeuvre à l'image de cette grande romancière (et une de ses deux préférées, d'ailleurs), dont je ne me lasse pas. Ma mission maintenant est de regarder l'adaptation cinématographique qui en a été faite récemment, et de continuer mes lectures de l'autrice... la prochaine étant Mort sur le Nil.

mardi 19 juin 2018

Nous sommes tous des féministes de Chimamanda Ngozi Adichie

Adichie. Un nom que je voyais passer sur les réseaux sociaux, dans les publications d'ami·e·s féministes. Intéressée, intriguée, je me suis penchée sur la question, suis tombée sur des extraits percutants. Conquise. Ayant reçu pour conseil de commencer par celui-ci (merci miss), court et révélateur de la plume de cette autrice nigériane, me voilà lancée.

Année de parution : 2015
Nombre de pages : 87 pages
Genre : essai
Edition : Folio (2€)







Synopsis :
«Partout dans le monde, la question du genre est cruciale. Alors j'aimerais aujourd'hui que nous nous mettions à rêver à un monde différent et à le préparer. Un monde plus équitable. Un monde où les hommes et les femmes seront plus heureux et plus honnêtes envers eux-mêmes. Et voici le point de départ : nous devons élever nos filles autrement. Nous devons élever nos fils autrement.» Chimamanda Ngozi Adichie aborde le sujet controversé du féminisme avec lucidité, éloquence et humour.

Mon avis :
Nous sommes tous des féministes est un essai qui fait suite à une conférence donnée par l'autrice en 2012. Il y a 6 ans ! Et tellement de chemin restant à faire. Notez, mesdames et messieurs, que le titre nous mentionne tous, et pas toutes. Chaque individu a son rôle à jouer.

Sacrée personnalité, Chimamanda Ngozi Adichie. Heurtée très tôt aux traditions de son pays, le Nigéria, où la femme n'existe que par et pour l'homme, elle arrive malgré tout à exprimer un message, et à s'extraire progressivement du carcan social et culturel qui la contraint. A 19 ans, elle quitte en effet son pays pour aller faire de brillantes études aux Etats-Unis où elle affrontera en plus le racisme.

Revenons à ce texte. A travers lui, l'autrice nous propose une définition du féminisme, et surtout tord le cou aux clichés et aux idées reçues. Non, être féministe ne signifie pas détester les hommes. Non, ce n'est pas réservé aux Occidentaux. Non, cela ne traduit pas une tristesse profonde. Non, le féminisme ce n'est pas présenter les femmes comme supérieures aux hommes. C'est simplement la volonté d'égalité en rappelant que les femmes partent de beaucoup, beaucoup plus loin.


" Durant des siècles, on a séparé les êtres humains en deux groupes, dont l'un a subi l'exclusion et l'oppression. La solution à ce problème doit en tenir compte, ce n'est que justice."

Adichie explique, et c'est là à mon sens la partie la plus importante, que tout se joue dès l'enfance. On pourrait améliorer grandement les choses en éduquant différemment les petites filles.


" Nous apprenons la honte à nos filles. Croise les jambes. Couvre-toi. Nous les persuadons qu'elles sont coupables simplement parce qu'elles sont de sexe féminin. Aussi, en grandissant, deviennent-elles des femmes incapables d'exprimer leur désir. Qui s'impose le silence. Qui ne peuvent dire ce qu'elles pensent. Qui ont élevé la simulation au rang d'une forme d'art."

Mais il y a aussi des choses à changer dans ce qu'on met dans le crâne des petits garçons :

" La virilité est une cage exiguë, rigide, et nous y enfermons les garçons. Nous apprenons aux garçons à redouter la peur, la faiblesse, la vulnérabilité."

Certes, pas vraiment de notions nouvelles pour les gens déjà sensibilisés à la cause féministe, mais que c'est agréable de le voir couché sur le papier avec autant de talent. Parce qu'en plus d'être porteuse d'un message fort, la voix d'Adichie est vive, intelligente et drôle. Je lis peu d'essais, craignant la lourdeur du texte. Il n'en est rien ici. Je me suis régalée !

Aujourd'hui, les choses commencent à bouger un peu, les femmes à occuper le devant de la scène. Mais beaucoup reste à faire. En témoigne la différence de salaire qui a encore cours à qualification égale. En témoignent les réflexions et gestes déplacées dont sont encore victimes les femmes, chaque jour et partout. En témoigne cet article d'un grand quotidien français qui disait que le Festival de Cannes 2018 a été marquée par une surexposition des femmes. Non, mais, sérieusement ? Bref, nous avons encore du chemin à parcourir, et c'est  aussi au quotidien, dans les petites choses que ça se joue. Action !

Vous n'avez aucune excuse pour ne pas lire ce texte. C'est très court, c'est un rayon de soleil, et c'est publié chez Folio pour 2€ !


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Bonus plage cachée : cet essai est suivi d'une nouvelle, Les marieuses

On y découvre l'arrivée aux Etats-Unis d'une jeune Nigériane dont la famille a arrangé le mariage, avec un jeune, beau et riche docteur, déjà sur place. La réalité sera bien différente. 
Cette nouvelle est le reflet d'un choc des cultures, mais aussi un choc de personnalités. Elle oppose une femme fière de ses racines, qui ne compte pas abandonner sa culture, et un homme totalement assimilé par la culture américaine, qui est allé jusqu'à renier son état civil au profit d'un patronyme plus anglo-saxon. C'est une nouvelle très intéressante à bien des égards, et je mets au défi quiconque de ne pas compatir avec cette Nigériane arrachée à ses racines.
Ne vous arrêtez donc pas à la fin de la première partie du livre, les deux en valent largement la peine !

Essai transformée avec cette autrice que je ne manquerai pas de découvrir davantage. Ma prochaine lecture sera probablement Americanah, dans laquelle une Nigériane arrive aux Etats-Unis pour faire ses études, et se trouve elle aussi confrontée à quelques désillusions. Ça vous rappelle quelque chose ? 

jeudi 14 juin 2018

La lune est à nous de Cindy Van Wilder

Ceux qui me suivent un peu savent qu'il m'aura fallu du temps pour chroniquer cette lecture, et ne pas me laisser submerger par l'émotion ressentie au cours de la lecture. Car le moins qu'on puisse dire, c'est que La lune est à nous (LLEAN pour les intimes) a résonné de façon étourdissante en moi, et résonne encore...

Année d'édition : 2017
Nombre de pages : 377 pages
Genre : young adult, contemporain
Edition : Scrineo







Synopsis :
Max et Olivia n’ont pas grand-chose en commun. Max, solitaire et complexé, peine à s’intégrer dans son nouveau lycée. Olivia, sociable et hyperactive, vient d’être recrutée par la très populaire chaîne YouTube « Les Trois Grâces » et s’investit dans le milieu associatif. Ils n’ont rien en commun, si ce n’est qu’ils sont en surpoids, et que le monde le leur fait bien payer. Lorsqu’ils se rencontrent, ils se comprennent instantanément. Et décident de réagir – chacun à sa manière. L’habit ne fait pas le moine, dit-on… Ni Max ni Olivia ne s’attend aux défis qu’ils vont rencontrer. Et si l’aiguille de la balance n’était pas le seul challenge ? Et s’il était possible de décrocher la lune, même après être tombé à terre… ?

Mon avis :
Max et Olivia, c'est un peu le jour et la nuit. Si la deuxième est plutôt extravertie, dynamique, le premier est quant à lui plutôt effacé et introverti. Pourtant, ils ont un point commun indéniable : ils sont gros. Et donc, à l'âge ingrat tout particulièrement, des cibles parfaites de moqueries.

L'intolérance et le harcèlement, voilà les thèmes principaux de ce roman. C'est ce qui a fait remonter des souvenirs personnels enfouis tant bien que mal, et en a fait une lecture si forte. Et combien sommes-nous dans ce cas ? Je me souviens du "grosse vache" gratuit, en passant devant un collégien plus âgé, que je n'avais même pas regardé. Je me souviens des paris débiles sur notre dos, la bande de timides "enrobées", au lycée. Et je regrette. Je regrette de n'avoir pas eu une telle lecture plus tôt, qui m'aurait donné l'élan pour me dresser face à cela.

Point particulier ici, il est autant question de harcèlement au quotidien que de cyber-harcèlement. Les réseaux sociaux dont raffolent tellement les jeunes ont la part belle, et c'est un beau moyen de leur/nous rappeler que les choses y sont parfois très artificielles et temporaires, même si on y fait de belles rencontres. L'application évoquée, Find your match, m'a donné des frissons tant elle est injuste et stéréotypée. Le principe ? L'appli analyse une photo pour noter ton physique. Rien que ça ! Et le pire, c'est que ça pourrait bien exister... si ce n'est pas déjà le cas.

Si la grossophobie est le point de départ de l'histoire, une foultitude d'autres thèmes sont abordés, non moins importants. Le racisme, notamment, puisqu'Olivia est noire et encaisse en plus du reste les insultes xénophobes des décérébrés qu'elle croise. Elle fait face également à la triste réalité de Find your match, très "caucasio-normée" et pas du tout conçue pour lui donner une bonne note, aussi belle soit elle.

La sexualité est aussi un fil rouge du roman. Une bonne occasion de rappeler qu'une orientation sexuelle n'est pas quelque chose de nécessairement figé et facile à définir, mais plutôt un spectre qui peut en recouper d'autres. Le plus simple ? Arrêtons de mettre des étiquettes sur les gens, laissons-les se définir comme ils/elles l'entendent. Après tout, qui est mieux placé que soi-même pour ça ? C'est très touchant, dans LLEAN, de suivre le cheminement de Max, qui peine à trouver la voie du coming-out, et va connaître une belle évolution au fil des pages (mention spéciale à Elliot, le petit-frère, choupi à souhait).
Mais d'autres représentant·e·s LGBTQIA+ y trouveront leur compte, puisqu'il est aussi question d'asexualité, très peu évoquée dans les romans jeunesse/YA (ni dans les autres, malheureusement). 

Mais en règle générale, c'est surtout un roman sur l'adolescence, période critique s'il en est, et sur la construction de sa personnalité. Cindy Van Wilder nous montre qu'avoir son identité propre revêt alors une importance capitale, ce qui n'est pas évident quand nos repères s'effondrent (comme pour Max dont les parents viennent de divorcer) ou qu'on est adopté·e comme Olivia. C'est la découverte de soi, que ce soit à travers ce(ux) qu'on aime ou l'apprivoisement de son corps qui change. Ravie de voir ici évoquée la masturbation, car oui, c'est un thème important quand on écrit à destination des ados/YA, et que bon nombre le passe sous silence. Parce que ce serait honteux ? Eh bah non.

Le final, que je ne révélerai pas en détails, est comme un feu d'artifices, coloré, joyeux, et profondément émouvant. Si souvent je pleure pour des choses tristes à la lecture d'un livre, là j'ai pleuré juste pour ça : parce que c'était beau. Et j'ai eu envie d'aller les retrouver tous, au dépôt, de m'asseoir parmi eux et de me laisser porter par leur joie de vivre.

Stylistiquement parlant, c'est du Cindy Van Wilder, ça se dévore. Mais savourez quand même, parce qu'arrivé·e·s à la fin on en redemande. Pas de langue de bois, on appelle un chat un chat : merci ! Particularité de cet opus en particulier, l'écriture inclusive, qui montre que c'est faisable, et franchement quand on a un peu l'habitude, c'est presque naturel. Tout comme les touches de féminisme saupoudrées de ci de là. 

En conclusion ? La Lune est à nous, c'est à la fois une arme et une armure pour affronter les bassesses et l'intolérance qui règnent en ce monde. C'est un doudou, une thérapie, un tremplin pour apprendre à voir les choses autrement. Et à s'accepter. Un must-read qu'on devrait faire découvrir très tôt dans les milieux scolaires, et qui rendrait plus belle la vie de milliers d'adultes en devenir (et d'adultes tout court, d'ailleurs) ! 
Merci à l'autrice pour ce moment de douceur, qui est finalement à l'image de la personne qu'elle est IRL... bienveillance.


Bonus fangirl : quand il est pile poil 14h27 dans le livre, et que c'est, parmi toutes les heures qui pouvaient être choisies, pile poil celle de ta naissance ! ^^ Parenthèse mégalo refermée.

mardi 12 juin 2018

Mai 2018 en films !

Hey, tel le lapin d'Alice, je suis à la bourre pour vous parler ciné. Pas que le lapin d'Alice parle ciné, mais, bref, vous aurez compris. 5 films au palmarès du mois de mai, parmi lesquels trois belles surprises !

Les tops d'avril !
* Le plus touchant
Monsieur Je-sais-tout
Quand un gamin autiste Asperger (forme d'autisme sans déficience intellectuelle ni de langage) se retrouve dans les pattes de son oncle entraîneur de foot, leur quotidien à tous les deux est fortement perturbé, on s'en doute. Si j'ai eu du mal à apprécier le personnage campé par Ducret, j'ai admiré le jeu d'acteur du jeune Max Baissette de Malglaive. Il a su m'émouvoir, me faire passer du rire aux larmes. Et ce rire... Poignant. Très sympa aussi la comparaison du foot et des échecs ! A voir !

* Animation made by Wes Anderson
L'île aux chiens
Wes Anderson, c'est quand même quelque chose. Une signature. Quelque chose qui se démarque. Et ce film d'animation ne déroge pas à la règle ! Si la bande-annonce m'avait laissée hésitante devant des images auxquelles je n'adhérais pas vraiment, j'ai vite oublié cet aspect devant le film et, disons-le, ça marche du tonnerre. Critique de la société actuelle, de la corruption, de la gestion des espaces dans un Japon résolument moderne mais toujours imprégné de sa culture traditionnelle, ce film porte un message fort. Les personnages sont attachants à souhait, que ce soit le p'tit gars à la recherche de son chien, ou les cabots relégués sur l'île dans l'attente d'un sort peu enviable. Une petite perle qui aurait aussi pu être estampillé "le plus touchant" !

* Jeu d'enfant sauce flippante
Action ou vérité
Un film d'horreur qui ne révolutionne pas les codes mais qui reste assez bien réalisé, et un peu flippant. Il aura valu un sacré bond à mon voisin de gauche dès les premières minutes ! Assez prévisible, donc, mais un bon moment si vous êtes amateur du genre. A déplorer toutefois (attention spoiler) : pourquoi faut-il toujours que le gay asiatique serve de tampon ? Bon, il aura tenu assez longtemps dans celui-là, mais ça devient lassant.

Les autres séances !

* Un film qui a fait du bruit
Everybody knows
Film qui a fait l'ouverture du festival de Cannes, c'est une histoire de secrets de famille intéressante bien que classique, où il est question de gros sous, de relations amoureuses passées et présentes. Comme le titre le dit bien, il y a des choses que tout le monde sait depuis le début. Quelques longueurs, surtout en commençant le film à la séance de 22h, mais j'ai apprécié quand même. Je ne sais toujours pas ce que je ferais à la place des parents...


* Dégoût et des couleurs
Deadpool 2
Je n'ai pas vu le premier opus mais ça n'a pas été une erreur de me dire que je comprendrais quand même le deuxième ! Ce film touche un public large, et on comprend pourquoi. Si certaines scènes très potaches/scato raviront les plus jeunes, encore ancrés dans leur phase pipi-caca-prout (et les adultes adeptes des jeux de mots comprenant fion), d'autres sont beaucoup plus à mon goût, avec notamment de très nombreuses références à d'autres films. Distrayant, sans être mon film de super-héros fétiche, obviously.

Voilà pour le bilan de mai, bien en retard. Le prochain arrivera d'autant plus vite !

dimanche 10 juin 2018

Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?

Article qui met la pression aujourd'hui ! Une autobiographie signée Jeanette Winterson portée aux nues par quelqu'un de proche... Un de ses ouvrages de référence... Mince, et si je n'aimais pas ?

Année de parution : 2011
Nombre de pages : 260 pages
Genre : autobiographie, contemporaine
Edition : Points







Synopsis :
Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?

Étrange question, à laquelle Jeanette Winterson répond en menant une existence en forme de combat. Dès l'enfance, il faut lutter : contre une mère adoptive sévère, qui s'aime peu et ne sait pas aimer. Contre les diktats religieux ou sociaux. Et pour trouver sa voie.

Ce livre est une autobiographie guidée par la fantaisie et la férocité, mais c'est surtout l'histoire d'une quête, celle du bonheur. «La vie est faite de couches, elle est fluide, mouvante, fragmentaire», dit Jeanette Winterson. Pour cette petite fille surdouée issue du prolétariat de Manchester, l'écriture est d'abord ce qui sauve. En racontant son histoire, Jeanette Winterson adresse un signe fraternel à toutes celles - et à tous ceux - pour qui la liberté est à conquérir.

Mon avis :

Le début de ma lecture a été un peu chaotique, pour plusieurs raisons. La première, je ne m'attendais pas à une autobiographie. Enfin si, mais pas tant. Plus romancée, peut-être. Et puis, les premières pages sont jalonnées de références à un ouvrage précédent de l'autrice, Les oranges ne sont pas les seuls fruits. Et comme je ne l'ai pas lu, je me sentais un peu exclue, à côté de la plaque. La chronologie non-linéaire a fini de me déstabiliser, conférant presque une impression de fouillis. Ça aurait pu mal se passer, et finalement... non. A l'image du beau Le bruit et la fureur, qui m'a été conseillé par la même personne, passé un temps d'adaptation je me suis laissée entraîner dans l'enfance de Jeanette Winterson, qui n'a rien de joyeux...

En effet, s'il y a quelque chose que l'autrice n'a pas connu, c'est un début de vie doux et agréable. Adoptée pour des raisons obscures par des parents qui auraient préféré un fiston, en particulier Paul, le p'tit mec du berceau d'à-côté, elle se l'entendra rappeler à chacune de ses bêtises par sa mère.

Parlons-en, de sa mère. Déteste-t-elle sa fille ? N'a-t-elle pas le mode d'emploi de la manifestation de l'amour ? Je l'ignore, mais toujours est-il que la jeune Jeanette va en voir de toutes les couleurs. A la moindre contrariété, sa mère la laisse passer la nuit dehors, ou dans l'appentis où est stocké le bois, dans le noir, sans rien pour se nourrir ou s'occuper. Sympa, hein ? Leur relation est d'une violence extrême et fait froid dans le dos. Un tel acharnement m'a provoqué un vrai malaise. Seule lueur dans cette vie morose : les moments passés à apprendre la lecture sur des passages de la Bible. Car les parents de Jeanette sont des Evangélistes, radicaux, pour eux c'est la parole de Dieu qui prime.
Je n'ai pas parlé du père car il n'y a pas grand chose à en dire : il est transparent, soumis et inutile. Tout juste adresse-t-il un mot à sa fille lorsqu'il rentre au plus profond de la nuit et la trouve sur le palier.

Heureusement, la petite fille grandit, pleine de malice, de force et de curiosité. C'est ce qui va causer sa perte, d'abord, puis la sauver. Elle découvre la littérature britannique, se passionne rapidement pour elle, y consacrant tout son argent de poche. C'est le début des (autres) problèmes avec la matrone, qui ne reconnait aucun autre texte que la Bible, et brûle les précieux imprimés.

Les ennuis n'arrivant jamais seuls, Jeanette se révèle rapidement être lesbienne. Et là, les foudres parentales se déchaînent sur elle. Son orientation sexuelle n'a pas sa place au sein du fanatisme et du dogmatisme religieux qui constituent sa cellule familiale. Acharnement, exorcisme, rien ne lui est épargné... Heureusement, la vie met sur notre chemin à tous des gens hors du commun, sorte de bouées dans une mer tourmentée, qui nous permettent de nous raccrocher et de nous en sortir. Cette personne, pour l'autrice, a été une de ses professeur·e·s. Une autre vie commence.

Mais alors, Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? C'est la question que pose lui pose sa mère, dégoûtée par ses attirances amoureuses. Peut-être parce que la vie serait bien triste, sinon ? Et pourquoi tant s'acharner sur les gens heureux si ce n'est parce qu'on a choisi soi-même d'être normal, au détriment d'autre chose ? Une de mes premières hypothèses a été que Mrs Winterson était elle-même lesbienne, sans pour autant l'accepter. Ce qui expliquerait bien des choses, notamment son rapport à son mari... 

Je serais bien curieuse d'avoir vos avis ! En attendant, j'ai lu ce roman en apnée, désireuse de voir Jeanette s'en sortir, faire son bout de chemin heureux, et faire un pied-de-nez à son début de vie chaotique... Happée, finalement. Alors soyez vous-mêmes, les gens, soyez différent·e·s. Parce que notre richesse réside dans notre diversité, et, bon sang, qu'est-ce qu'on se ferait chier sinon !