vendredi 26 janvier 2018

Rhinocéros d'Eugène Ionesco

Rhinocéros fait partie des œuvres largement étudiées dans les collèges et lycées de France. Je suis passée au travers, mais pas mon papa, qui a aimé et m'a conseillé la pièce. Toujours ravie de découvrir des choses qui ont pu lui plaire dans ses années étudiantes, me voilà lancée !

Année de parution : 1980
Nombre de pages : 246 pages
Genre : théâtre
Edition : Folio







Synopsis :
"Tous les chats sont mortels. Socrate est mortel. Donc Socrate est un chat." Tout langage stéréotypé devient aberrant. C'est ce que Ionesco démontre dans Rhinocéros, pièce qui a tout d'abord vu le jour sous la forme d'une nouvelle. Partisan d'un théâtre total, il porte l'absurde à son paroxysme en l'incarnant matériellement.
Allégorie des idéologies de masse, le rhinocéros, cruel et dévastateur, ne se déplace qu'en groupe et gagne du terrain à une vitesse vertigineuse. Seul et sans trop savoir pourquoi, Bérenger résiste à la mutation. Il résiste pour notre plus grande délectation, car sa lutte désespérée donne lieu à des caricatures savoureuses, à des variations de tons et de genres audacieuses et anticonformistes. La sclérose intellectuelle, l'incommunicabilité et la perversion du langage engendrent des situations tellement tragiques qu'elles en deviennent comiques, tellement grotesques qu'elles ne peuvent être que dramatiques.

Mon avis :

Publiée en 1959, Rhinocéros est une figure de proue du théâtre de l'absurde. Apparu après la seconde guerre mondiale, il se veut un moyen de dénoncer les horreurs récentes et de créer une rupture avec le théâtre plus classique.

En effet, on est très loin des Roméo & Juliette et autres Cyrano de Bergerac.
J'ai d'abord été perturbée, voire gênée par le premier acte dans lequel tout le monde parle en même temps, les conversations se croisent, se recroisent... C'est bien fait, mais comme dans la vraie vie, ça a tendance à me farcir un peu la tête. Habituellement, on échappe à ça dans les livres... mais pas dans celui-ci ! Ceci-dit, je reconnais que joué au théâtre ça doit être génial. J'ai été scotchée par le niveau de détail des didascalies !

Heureusement, très vite, les personnages sont moins nombreux à la fois et ça devient plus simple à suivre. J'ai vraiment apprécié le texte, les dialogues travaillés et parfois hilarants. Mon moment préféré reste l'échange entre le logicien et le vieux monsieur (mes deux personnages favoris, d'ailleurs), succession de syllogismes tous plus... absurdes les uns que les autres et destinés à montrer la puissance de la logique. C'est vif, c'est déclamé avec aplomb, et certaines répliques sont devenues célébrissimes, comme le syllogisme des chats et de Socrate (cf première phrase du synopsis).

Au fil des actes, les réactions à la rhinocérite évoluent. Cette transformation des humains en rhinocéros, d'abord anecdotique puis de plus en plus répandue, suscite d'abord incrédulité, incompréhension, voire révolte. Progressivement, les volontaires sont de plus en plus nombreux à se soumettre à la "maladie". La méfiance laisse la place à la curiosité, puis à la résignation. 

A travers sa pièce, Ionesco dénonce avec originalité le conformisme des populations, cette facilité à suivre la masse sans se poser de questions, ou, de façon plus hypocrite, à nier l'évidence et se trouver de fausses excuses. 

En résumé, une oeuvre qui donne matière à réfléchir si on dépasse le premier niveau de lecture qui parait complètement loufoque !

lundi 22 janvier 2018

Métaphysique des tubes d'Amélie Nothomb

Amélie Nothomb... Autrice haute en couleurs dont j'ai lu plusieurs romans qui m'ont laissé des sentiments très variés. Agréablement dérangée par Hygiène de l'assassin et Cosmétique de l'ennemi, déçue par Le crime du Comte Neville, et plutôt conquise par Stupeur et tremblements et Mercure (mon préféré), je suis attaquée à un de ses plus connus, Métaphysique des tubes.

Année de parution : 2002
Nombre de pages : 156 pages
Genre : contemporaine, autobiographie
Edition : Le Livre de Poche







Synopsis :
Parce qu'elle ne bouge pas et ne pleure pas, se bornant à quelques fonctions essentielles - déglutition, digestion, excrétion -, ses parents l'ont surnommée la Plante.
L'intéressée se considère plutôt, à ce stade, comme un tube. Mais ce tube, c'est Dieu. Le lecteur comprendra vite pourquoi, et apprendra aussi que la vie de Dieu n'est pas éternelle, même au pays du Soleil levant... Avec cette " autobiographie de zéro à trois ans ", la romancière de Stupeur et tremblements, Grand Prix du roman de l'Académie française en 1999, nous révèle des aspects ignorés de sa personnalité et de la vie en général, tout en se montrant plus incisive, plus lucide et plus drôle que jamais.

Mon avis :
Estampillée autobiographie, l'histoire est quand même romancée. La narratrice nous raconte dans ce livre les trois premières années de sa vie, du stade de bébé inerte qui ne pleure ni ne bouge à l'aube de son entrée au jardin d'enfants, en passant par la période où elle hurle non stop.

Qu'elle a été difficile, la première partie de ma lecture ! Non parce que le style en est aride, pas du tout, mais parce que j'ai trouvé cette gosse au stade larvaire proprement insupportable. Pédante, fière, elle se considère comme un dieu, pas piquée des hannetons. Car même si physiquement, elle se résume à un tube dans lequel entre et d'où ressort la nourriture, intellectuellement, il en va autrement. Ses réflexions ne sont pas inintéressantes, mais je ne me suis pas du tout prise d'affection pour elle, et je n'avais qu'une hâte : qu'elle s'anime un peu.

Quand elle commence à se déplacer, et surtout, à parler, cela s'est arrangé un peu pour ma lecture. Un côté Baby boss se développe. Le choix des premiers mots m'a amusée, le côté récompense/punition qui en découle est assez fun. Mais le fait qu'elle parle couramment japonais avant de prononcer le moindre mot (cherchez l'erreur) a, à mon sens, fait retomber l'histoire dans le côté too much du début.

Pour le style, ça reste du Nothomb. J'aime le choix des adjectifs, et l'utilisation du mot pneu, qu'elle replace dans de nombreux romans car c'est un mot qu'elle affectionne particulièrement (les fans m'arrêteront si je me trompe). L'écriture reste simple, rapide à lire malgré les termes qui confinent parfois au désuet. C'est un aspect qui a son charme.

En conclusion, l'idée du roman est bonne mais je n'ai pas été conquise par le personnage. Contente tout de même d'avoir trouvé, au fil de l'histoire, quelques références culturelles au Japon, en particulier sur le Nô et le mois des garçons (et non, il n'existe pas de mois des filles). Mercure reste donc indétrôné dans mon cœur. 

Ah, et au passage, lettre N du challenge ABC validée, dudes.

jeudi 18 janvier 2018

Le bruit et la fureur de William Faulkner

Ce livre a une importance particulière pour moi. Sorte de roman totem de quelqu'un qui m'est cher, cela faisait un moment que j'étais doucement incitée à le lire. Voilà qui est fait en ce début d'année, ce qui, en plus de constituer une bonne résolution littéraire, vient faire avancer mon challenge ABC en complétant la lettre F !

Année de parution : 1929
Nombre de pages : 372 pages
Genre : drame, classique
Edition : Folio







Synopsis :
"oui je le hais je mourrais pour lui je suis déjà morte pour lui je meurs pour lui encore et encore chaque fois que cela se produit... pauvre Quentin elle se renversa en arrière appuyée sur ses bras les mains nouées autour des genoux tu n'as jamais fait cela n'est-ce pas fait quoi ce que j'ai fait si si bien des fois avec bien des femmes puis je me suis mis à pleurer sa main me toucha de nouveau et je pleurais contre sa blouse humide elle était étendue sur le dos et par-delà ma tête elle regardait le ciel je pouvais voir un cercle blanc sous ses prunelles et j'ouvris mon couteau." 

Mon avis :
Prix Nobel de littérature, prix Pulitzer, National Book Award... le palmarès de William Faulkner a de quoi intimider et en faire un monument de la littérature. La découverte de ce premier roman m'a permis d'entrevoir l'étoffe de l'auteur et de comprendre ce qui a tant fait fureur, c'est le cas de le dire.

Il y a beaucoup à dire, au sujet de ce fameux Le bruit et la fureur, tant sur le fond que la forme. 
L'histoire qui nous est contée est celle de la famille Compson, intimement mêlée à celle de leurs "nègres" qui partagent bien sûr leur vie au quotidien. Cette vieille famille du sud des Etats-Unis n'est pas épargnée par les soucis qui gangrènent chacune des trois générations présentées. 
Au premier rang : alcoolisme et maladie pour les parents. Le père, esclave de la bouteille, voit vite son rôle s'émousser, tandis que la mère, affaiblie, parait passer plus de temps alitée que debout.
Au second rang, leurs enfants n'ont rien à leur envier. Amours incestueuses, grossesse hors mariage (rappelons qu'on est dans les années 1920), fils propulsé trop jeune chef de famille qui, faute de savoir s'y prendre, se montre violent... Et n'oublions pas le petit dernier, Benjy, handicapé mental qui aime courir après les petites filles et dont le seul moyen d'expression est de hurler.
Enfin, place à la jeunesse, l'unique petite-fille de la famille, séparée de sa mère, préfère battre la campagne avec un artiste de cirque plutôt qu'aller en cours...
Sitôt ce tableau brossé, on imagine aisément que la vie ne va être simple pour personne. Heureusement, leurs employés noirs sont là pour faire tourner la maison, sous la direction de Dilsey, qui fait régner une discipline de fer et sait parler à chacun. Elle ne prend d'ailleurs pas de pincettes pour s'adresser à ses employeurs, et ça, c'est très très plaisant !

William Faulkner nous offre donc quelques tranches de vie d'une famille torturée, à mi-chemin entre les univers de Mark Twain et Des souris et des Hommes de Steinbeck.

Mais ce qui marque le plus, à la lecture de ce roman, c'est le style. Et c'est là qu'il faut être bien accroché·e ! Après quelques recherches, j'ai appris qu'il appartient à un courant appelé courant de conscience. Les idées qui passent par la tête d'un personnage sont transcrites telles quelles, comme elles viennent, sans ponctuation, ni paragraphes. Parfois sans lien direct les unes avec les autres.
Vous vous êtes déjà demandé comment, en regardant votre sapin et constatant que vous aviez mis deux boules de même couleur côte à côte (sacrilège), vous en étiez arrivé·e à vous dire qu'il fallait penser à racheter du shampoing en prévision du week-end chez tata Odette ? Eh bien voilà, le courant de conscience, c'est ça.
Il en résulte une violence inouïe quand on applique ce procédé à des personnages torturés, comme Benjy, qui ne parle pas mais n'en pense pas moins ou Quentin, le frère incestueux qui apprend que sa sœur lui échappe pour de bon. Un discours intérieur hypnotique, haletant, crispant parfois. Et ça fonctionne du feu de dieu pour ce type de protagonistes. 

On est d'accord que 400 pages comme ça ce serait difficile. Heureusement, sur les quatre chapitres que renferme le roman, le narrateur varie à chaque fois. J'en ai cité deux ci-dessus, les autres sont Jason (le fils propulsé au rang de chef de famille), et un narrateur externe. 

Tout dans la construction de l'histoire est déconcertant. Passée la première partie, où nous sommes plongé·e·s dans le grand bain sans explications, nous demandant qui parle, de qui, pourquoi on change de sujet, d'époque... si nous sommes toujours là, il nous faut encore naviguer entre 1928 et 1910, avant, après... Un véritable exercice pour nos méninges. 
Le nom des personnages est trompeur également, et je suis bien contente (et ne saurait que trop vous le conseiller) d'avoir fait un arbre généalogique en début de lecture, pour m'y retrouver. Parce ce que ce que je ne vous ai pas dit, c'est qu'on est sur trois générations, oui, mais que parmi les 7 personnages blancs, vous trouverez deux Jason, deux Maury (dont un qui va changer de prénom) et deux Quentin (dont un est une fille).

Ça parait terrible, comme lecture, non ? Et pourtant. Passés la panique et le désespoir de ne pas m'y retrouver, après avoir pris le temps d'apprécier, de découvrir le style et les personnages, j'ai passé de très bons moments en compagnie de la famille Compson. Et même plus ! J'ai découvert qu'ils apparaissaient dans d'autres romans de l'auteur, et j'ai maintenant envie d'aller m'y frotter de nouveau.

En définitive, Le bruit et la fureur est un roman qui m'a successivement déconcertée, intriguée puis happée. Je le conseille à quelqu'un qui a un certain niveau de lecture et du temps devant lui·elle pour lire, je pense en effet qu'il est indispensable de pouvoir y plonger par longues plages pour vraiment accrocher et saisir le bouquin dans toute son ampleur. Et aussi, disons le, pour ne pas se décourager. Je suis bien décidée, d'ici quelques temps, à en refaire une lecture pour capter les choses qui m'ont inévitablement échappé !

lundi 15 janvier 2018

Mulberry Tree de Cindy van Wilder

Conquise par le dernier live Youtube de l'autrice Cindy van Wilder, promouvant humblement des dizaines de titres sans glisser un mot sur ses œuvres personnelles, et ayant beaucoup entendu parler du récent La lune est à nous, j'ai eu envie d'aller découvrir un peu plus ce qu'elle écrit. Grand bien m'en a pris, puisque cela m'a permis de découvrir dans la section bonus de son site une bien jolie nouvelle, Mulberry tree. A noter que cette nouvelle a été éditée en format papier !

Année de parution : 2017
Nombre de pages : 101 pages
Genre : contemporaine, nouvelle
Edition : Pluméa


Synopsis :
"Le bonheur se conjugue par petites touches, il ne s'impose pas. Pas plus qu'il ne demeure pour toute la vie."


Mon avis :
Il est toujours difficile de parler d'un texte court sans trop en dévoiler.

Comment dire... Mulberry tree, c'est une expérience. Un moment de lecture d'une densité rare, tant dans les sujets traités que dans les émotions ressenties. En une centaine de pages, l'autrice aborde des sujets aussi forts et sérieux que le deuil, les relations entre parents et enfants, la culpabilité d'être loin de nos proches, la bisexualité. Elle évoque la pression de la société, dans un monde normé où un couple c'est encore, pour beaucoup, un homme et une femme. Et un homme et une femme qui font leur vie ensemble, ça doit avoir un enfant. Occasion rêvée de parler aussi de l'impatience, la déception quand l'enfant ne vient pas assez vite... 

Mais cette histoire, c'est aussi de la joie, une renaissance, et beaucoup de bienveillance. Malgré des passages difficiles, Cindy van Wilder en fait une nouvelle feel-good. Malgré le nombre de sujets traités, elle en fait une nouvelle fluide, naturelle. Quiconque connait un peu le sujet sourira à l'utilisation de termes volontairement flous et non genrés, comme " ma moitié". L'écriture est pudique. Tout ça m'a parlé. 

Je peux donc avouer sans surprise que j'ai été touchée par cette douce parenthèse dans ma matinée, au chaud sous la couette, indifférente aux chats qui réclamaient leur pitance à corps et à cris. Mes larmes ont coulé, bien sûr. Parce que c'est moi, quand même. Alors...

Si vous me cherchez, je suis en train de faire mes cartons. Le camion de déménagement m'attend, je pars vivre à Mulberry Tree !

jeudi 11 janvier 2018

L'opéra de Shaya de Sylvie Lainé

Des années que je parlais de ce livre, que j'avais offert sans avoir l'occasion de le lire. La magie de Noël et son gros bonhomme rouge (d'ailleurs je l'ai pris sur le fait et il ne ressemble pas du tout à ce qu'on pense) lui a permis de se retrouver dans mes petits souliers, pour mon plus grand plaisir. L'opéra de Shaya, cette fois tu ne m'échapperas pas !

Année de parution : 2014
Nombre de pages : 192 pages
Genre : science-fiction, nouvelles
Edition : ActuSF

Synopsis :
So-Ann, née dans un vaisseau spatial, a du mal à s’habituer aux coutumes étranges et contraignantes des mondes où se sont établis les humains. Alors quand elle entend parler de Shaya, cette planète où la faune et la flore sont en totale empathie avec ses visiteurs, elle n’hésite pas une seule seconde. Mais en vérité, qui s’adapte à qui ? Quels mystères se cachent dans ce monde qui semble idéal ?


Mon avis :
Ce livre est en fait un recueil constitué d'une grande novella d'une centaine de pages et de 3 courtes nouvelles. Juste ce qu'il faut pour que je puisse vous dire quelques mots au sujet de chacun d'entre elles !

L'Opéra de Shaya 
So-Ann, jeune femme en quête de quelque chose de plus, quelque chose qui donnera un sens à son existence, est fraîchement arrivée sur Flog6. Énième déception, énième planète en carton, où les apparences sont règnent en maîtresses. Ici, les codes sociaux, c'est robes à froufrous et perruques ridicules. Génial, encore un mauvais moment à passer.
Quand elle entend parler d'un programme d'échanges génétiques sur Shaya, elle voit enfin une lueur d'espoir poindre à l'horizon. Elle fait alors la connaissance d'une planète et d'un peuple différents, sur laquelle l'évolution est rapide et visible, sur laquelle la population est avide de partager le génome de ses visiteurs pour en tirer le meilleur, pour devenir meilleur... Certes les coutumes sont parfois déstabilisantes, mais ce mode de fonctionnement a une résonance particulière pour So-Ann.
A travers cette novella, Sylvie Lainé livre une critique acide et satyrique de nos sociétés actuelles, obnubilées par le paraître, et dans lesquelles l'être n'a plus vraiment d'importance... Elle nous parle du sens du sacrifice, et de l'engagement hors du commun d'un individu pour son peuple...

Grenade au bord du ciel 
Cette nouvelle-ci est très courte, mais très dense ; on y parle d'éthique scientifique. Une gigantesque découverte est faite, et elle peut changer définitivement et profondément la vie des habitants de notre planète. Dès lors, faut-il ou non la mettre à disposition ? Sur quels éléments baser une telle décision, et comment en évaluer les potentielles conséquences ? Voilà des questions qui se posent auxquelles il n'est pas simple de répondre !

Petits arrangements intra-galactiques 
Décalée. Voilà le premier mot qui me vient pour décrire ce texte ! Ou comment faire contre mauvaise fortune bon cœur. Un voyageur de l'espace est contraint, faute de carburant, de s'arrêter sur une planète méconnue. Il y découvre une flore et faune assez... caractéristiques, inattendues, hilarantes. On est loin du fantasme Roswell et humanoïdes à tentacules, végétation hostile à picots empoisonnés. Non, ici, ce sont sapinous bleus sauteurs et grosses vaches roses montées sur ressort. Incongru, difficile de ne pas sourire lors de la lecture, mais on trouve quand même derrière tout ça un homme qui essaie de survivre, concentré sur le nerf de la guerre : comment se nourrir et s'abreuver. La solution est... peu ragoûtante ! Bonne lecture, et bon appétit.

Un amour de sable
J'ai adoré cette nouvelle. Ou comment l'Homme peut passer à côté de choses passionnantes, étonnantes, nouvelles parce qu'il ne voit pas. Parce que si ce n'est pas comme lui ça ne peut pas être. On rate sûrement des tas de choses, avec nos esprits étriqués... Le lecteur se voit ici amené à voir les choses différemment, à s'ouvrir et à conceptualiser des idées qui ne nous ont pas effleurées jusqu'à lors. Joliment fait.

L'écriture de l'autrice est sans fioritures, elle va droit au but, sans s'encombrer de tournures tarabiscotées. C'est fluide, c'est pur, c'est poétique. J'ai voyagé, avec ces nouvelles, dans des univers colorés, vivants et d'une richesse impressionnante... Et quand je regarde le ciel grisâtre de mon hiver citadin, j'ai presque envie de m'enfuir sous le ciel violet de Shaya.

Double bonus de ce recueil : la préface signée Jean-Marc Ligny - et dans laquelle transparaît toute son admiration et son amitié pour Sylvie Lainé - et l'entretien avec l'autrice, mené par ce dernier. Et à la lire, j'ai compris. J'ai compris pourquoi elle me touche autant, pourquoi j'ai tant de plaisir à l'écouter parler de sujets aussi divers que variés. Ce "handicap" de ne pas avoir les codes sociaux, les modes d'emploi pour réagir à différentes situations en société, mais aussi cette capacité à lire le non-dit dans l'attitude des gens. Et je me suis revue, en décembre dernier, alors que je la rencontrais dans le cadre d'un échange littéraire en librairie, paralysée à l'idée de demander une petite griffe dans son dernier recueil sur lequel j'avais jeté mon dévolu. Et c'était elle qui était venue me le proposer, le plus naturellement du monde, avec un sourire et une gentillesse qui ont fait tomber mes appréhensions. Merci, Mme Lainé.

jeudi 4 janvier 2018

Bilan de l'année 2017 : les mangas et comics

Dernières catégories de lectures à passer en revue pour bien terminer 2017 et attaquer 2018 en beauté, les comics et mangas. Bilan moins 

Les chiffres !
  • 57 tomes de mangas
  • 10 comics (bouh)
  • 7 séries commencées
  • 5 séries terminées (yeah !)
  • 1 série commencée à jour des publications
  • Le record de tomes pour un manga : Cesare, 11 tomes devant Vinland Saga (9 tomes)

Top 3 mangas de l'année

Je dois ma plus belle découverte manga de l'année à C'era, qui m'avait parlé entre autres de cette série qui relate l'histoire des Borgia et des Medicis. Nous voilà donc témoins des complots, manipulations et autres jeux de pouvoir entre Pise, Rome et Florence, lors de la Renaissance italienne. C'est très bien documenté, ça colle aux grands faits historiques, même si bien sûr quelques libertés sont prises afin de donner la meilleure histoire possible. Très bons moments pour moi que ces moments de lecture, et, gloire, je suis à jour !

Série très différente, Démokratia est signée Motorô Mase, qui m'avait déjà séduite avec Ikigami, préavis de mort. Ici, il est question d'une humanoïde dont tous les faits et gestes sont commandés par un groupe de personnes diverses et variées, par le biais de propositions soumises à un vote systématique. En apparence un parfait système démocratique. Mais voilà, l'Humain étant ce qu'il est, des cas de conscience et grosses dérives vont vite émailler ce jeu. L'occasion d'une intelligente critique de la société.


On remonte encore dans le temps pour la troisième série à l'honneur, Vinland Saga. Cette fois, c'est à l'histoire scandinave et à ses Vikings que nous rendons visite, accompagnant Thorfinn en quête de vendetta. Très jeune mais néanmoins brillant guerrier, il poursuit tant bien que mal sa quête personnelle, et est progressivement amené à voir la vie différemment...




Point comics

Comme ils ont été peu nombreux, le genre n'étant pas mon favori, je vous les présente tous !

Comme le titre l'indique, Tony Chu est un détective cannibale. Son aptitude à remonter toutes les étapes de la vie de ce qu'il ingère lui donne un avantage indéniable pour résoudre les enquêtes qu'on lui confie. Seul bémol : ça implique juste de bouffer un morceau de macchabée. Pas ragoûtant ? Tant pis, moi je trouve que l'idée est fun !





Lady Mechanika, c'est mon comic chouchou de l'année. L'histoire ne casse pas la baraque, on n'est pas sur le genre innovant de l'extrême. Mais le côté résolument steampunk me plait, que voulez-vous. Celle qu'on a surnommé ainsi, donc, est à la recherche de ses origines. Comment s'est-elle donc retrouvée affublée de ces deux bras mécaniques ? J'ai avalé les trois premiers tomes, série à poursuivre en 2018 !




Freaks' Squeele, c'est une série commencée il y a quelques années maintenant. 2017 m'a vue arriver au bout (7 tomes seulement, pourtant). L'idée de départ est sympa aussi, une école de monstres gentils qui doit vite affronter les méchants de l'école d'à-côté. J'ai trouvé que ça s'essoufflait passés quelques tomes, d'où ma lenteur à terminer. J'ai toutefois tenté le spin-off Freaks' Squeele Funérailles, un personnage que j'avais apprécié, et je crois que je vais me laisser aller à poursuivre !


On arrive au bout de ce bilan, espérons que 2018 soit aussi riche en quantité et qualité ! RDV dans un an (mais revenez d'ici là hein, on va parler de plein de choses) !