lundi 31 décembre 2018

Les Haut-Conteurs, tome 1 : La voix des rois d'Olivier Peru et Patrick Mc Spare

Encore un titre qui traînait dans ma PAL depuis... le printemps de Montaigu 2013 ! Mais celui-ci a une particularité : c'est ma première dédicace, signée Patrick Mc Spare. Un bon souvenir !

Année d'édition : 2010
Nombre de pages : 336 pages
Genre : fantasy, jeunesse
Edition : Pocket







Synopsis :
1190, Tewkesbury, royaume d'Angleterre. A treize ans, Roland ne rêve que de voyages, de chevalerie et d'aventures. Seulement ses parents ont besoin de lui pour tenir l'auberge familiale. Il ne connait le monde que par les gens de passage, et son meilleur ami, l'ennui, semble bien décidé à lui gâcher son existence.

La venue d'un Haut-Conteur au village va tout changer. Le prestigieux chasseur d'histoires et d'énigmes enquête sur les mystères de la forêt de Dean et sur les goules qui s'y cachent. Il ne craint pas les croque-cadavres et s'enfonce seul dans les ténèbres, nuit après nuit... mais un matin, il ne revient pas.

L'histoire a-t-elle mangé celui qui aurait dû la raconter ? C'est ce que va tâcher de découvrir Roland... et peut-être deviendra-t-il lui-même Haut-Conteur ?

Mon avis :
Bienvenue dans le Tewkesbury médiéval ! A vous chevaliers, nobles quêtes, mais surtout récits flamboyants, pour lesquels nous devons remercier les Haut-Conteurs.

Roland, adolescent de son état, s'ennuie ferme dans l'auberge familiale dont il doit logiquement reprendre le flambeau. Evidemment, à son âge, c'est plutôt de grande aventure qu'il rêve. Fort heureusement, Mathilde, illustre Haut-Conteuse, passe dans le coin, et va complètement chambouler la vie du jeunot.

La structure et la thématique de ce premier opus d'une série de 5 (+1) sont assez classiques, mais néanmoins réussies. On y retrouve bon nombre d'éléments qui font mouche, d'autant plus qu'ils sont bien amenés.
Ainsi, au fil des pages, nous croisons des créatures mythologiques telles que goules ou vampires... mais attention, conformes aux mythes initiaux. On est bien loin ici du vampire scintillant qui nous fait baver avec ses gros muscles et son jean moulant. Cet aspect confère un côté assez sombre au roman, bien qu'il soit destiné en premier lieu à un public jeunesse / young adult.

Mais tout cela n'aurait pas la même saveur sans une bonne dose de mystères, apportés non seulement par la caste des Haut-Conteurs que par l'objet de leur quête. 
Les Haut-Conteurs sont en effet connus pour leurs formidables aptitudes à captiver un public, mais ils sont bien plus que ça. Tous porteurs d'un surnom, leur quotidien est fait de recherches consciencieuses comme de combats périlleux et acharnés, dans lesquels leurs armes sont loin d'être conventionnelles. On a naturellement envie d'en apprendre plus à leur sujet, c'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai adoré autant que les péripéties suivre l'apprentissage de Roland, qui découvre les codes, l'art de la narration et toutes les conditions à remplir pour être digne de porter la cape pourpre propre à ce groupe secret.

L'objet de leur quête, un livre dont les pages sont éparpillées dans le monde entier, est l'occasion d'enrichir l'histoire d'énigmes agréables. Je suis curieuse d'en découvrir davantage dans les prochains tomes. Ainsi que le surnom de Roland, pas encore fixé dans ce premier opus (pour un effet comique réussi, d'ailleurs).

J'ai donc eu plaisir à retrouver une plume que je connais et apprécie, même dans ce contexte plus jeunesse. C'est vif, drôle, gavé de rebondissements... Sans répit et sans pitié aussi bien pour le lectorat que pour les personnages. Ces derniers semblent de prime abord assez manichéen, mais on se rend vite compte que rien n'est si simple...

Bonus de la maison : des illustrations signées des auteurs eux-mêmes, de style médiéval, qui jalonnent le récit et s'intègrent parfaitement à l'ouvrage !

jeudi 6 décembre 2018

I.R.L. d'Agnès Marot

Nouvelle incursion dans cette collection Electrogène des éditions Gulf Stream, qui a décidément le chic pour poser de bonnes questions et aborder des thèmes intéressants ! C'est cette fois I.R.L. d'Agnès Marot, autrice que je découvre à cette occasion.

Année d'édition : 2016
Nombre de pages : 432 pages
Genre : jeunesse, SF
Edition : Gulf Stream (Electrogène)







Synopsis :
Chloé Blanche a grandi à Life City. Comme tous ses habitants, elle ignore qu'ils sont filmés en permanence. Elle ignore qu'ils sont un divertissement pour des milliers et des milliers de foyers. Elle ignore qu'ils sont les personnages de Play Your Life, l'émission qui fait fureur hors de Life City, IRL. Elle ignore surtout à quel point ils sont manipulés. Lorsqu'elle rencontre Hilmi, le nouveau à la peau caramel, elle tombe immédiatement amoureuse. Mais ceux qui tirent les ficelles ne le lui destinent pas. C'est ainsi qu'elle découvre la nature de tous ceux qui vivent à Life City : les personnages d'un immense jeu vidéo.

Mon avis :
Thèmes passionnants et totalement d'actualité que ceux abordés dans ce roman !

A travers la confrontation entre Life City et l'IRL, Agnès Marot nous montre qu'il est parfois difficile de placer la frontière entre le réel et le virtuel. Où commence l'IA, où s'arrête l'influence du joueur dans ce jeu qui continue d'évoluer lorsqu'il est offline ?
Autant de questions qui me passionnent à l'heure du transhumanisme, à cette époque où la question commence à se poser de comment survivre après la mort de son corps ? Le transfert de la personnalité des humains dans des androïdes fait fantasmer... Mais est-on dès lors encore humain ?

L'autrice dénonce également la manipulation de l'opinion par les médias, en la poussant à voter dans un sens ou dans l'autre sur l'évolution du jeu, qui est pour eux une télé-réalité. Difficile de ne pas faire le parallèle avec de nombreuses émissions vues et revues, et qui sévissent encore dans le PAF. Ramollissement cérébral assuré pour tous ceux dont c'est le seul centre d'intérêt...

J'ai aimé l'opposition entre les deux mondes. Les joueurs, insouciants, qui sont convaincus de manipuler une IA mais s'attachent quand même à leurs avatars, parfois à l'extrême. Les personnages du jeu, en particulier Chloé, bien sûr, qui développe progressivement ses propres sentiments (amour, peur, colère...), jusqu'à devenir bien plus humaine que les vivants IRL qui tirent les ficelles... Les révélations sur le jeu et son fonctionnement m'ont convaincue, quelle bonne idée de montrer les "ficelles", justement !

Le monde réel semble très séduisant lui aussi. Modification du décor à volonté, submersion de technologies aussi diverses qu'excitantes... mais qui ont une lourde contrepartie : la disparition totale de la vie privée. Pistage, incursion de l'image de l'appelant directement dans le champ de vision à chaque coup de fil... Ce n'est pas sans évoquer la géolocalisation très efficace déjà enregistrée par nos téléphones, et les algorithmes de plus en plus efficaces des géants tels Google ou Facebook... Un peu glaçant !

Le récit est dynamique, truffé d'action, de rebondissements, d'alliances et de trahisons. J'ai moins aimé l'alternance temporelle entre le jeu et le plateau télé, qui a un peu cassé mon rythme de lecture (peut-être n'étais-je pas dans la bonne disposition d'esprit pour ça au moment de la lecture). Il aurait été facile de sortir Chloé des situations les plus difficiles en manipulant le code mais l'autrice n'en abuse pas... C'est plutôt réussi !

Les amateur·ice·s apprécieront les nombreuses références à des jeux vidéos (Sims, Second Life), films ou romans. Références qui sont toutes explicitées en fin d'ouvrage, très bonne idée ! Même si PAL/films à voir/jeux à découvrir n'en sont que toujours plus nombreux...

Le petit plus : le clin d’œil à Cindy, personnage touchant, chaleureux, au rire sonore... ou quand le réel fait une incursion dans la fiction ! Ceux qui la connaissent la reconnaîtront !

En conclusion, malgré une structure alternant les séquences temporelles que j'ai moins appréciée, j'ai apprécié la lecture de ce roman, qui me parle forcément en tant que joueuse, mais aussi et surtout pour les thèmes qu'ils évoquent. Des questions qu'il est bon - et grand temps - de se poser. Hâte de lire Erreur 404, maintenant !

mardi 4 décembre 2018

Celle qui venait des plaines de Charlotte Bousquet

Encore une idée piochée chez la copinaute Sia d'Encres et Calames, idée qui n'a pas eu de mal à me convaincre puisque j'ai adoré quasiment tout ce que j'ai lu de l'autrice.

Année d'édition : 2017
Nombre de pages : 360 pages
Genre : historique, jeunesse
Edition : Gulf Stream







Synopsis :
Le vert des hautes herbes surplombées par le feu orangé du soleil couchant sur les plaines du Dakota, les récits de victoires autour d’une flambée à la tombée de la nuit, les chevaux couleur de cendres,

le tonnerre des canons, les rivières de sang…
Et soudain, le déracinement et l’enfermement à la Mission
Saint-James, l’apprentissage de la haine d’une culture immémoriale, la purification par la souffrance et une éducation de fer pour briser les volontés les plus tenaces.

Voici l’histoire de Winona, fille aînée du vent et de la lumière, héritière de traditions ancestrales qu’elle fut contrainte de recracher comme le pire des venins,
métisse éprise de liberté et de justice dont la route ne cesse de croiser celle des célèbres Steele men, cow-boys et mercenaires – pour le meilleur et pour le pire.

Mon avis :
Le moins qu'on puisse dire, c'est que Charlotte Bousquet sait nous emmener dans des contrées et des époques terriblement variées, et toujours avec succès. Je l'ai découverte en fantasy, avec Arachnae, en jeunesse historique avec Là où tombent les anges, où nous étions en France en pleine guerre mondiale... Nous voilà maintenant outre-atlantique aux côtés de Winona, une métisse amérindienne et de Virgil, un jeune homme qui a soif de revanche.

Le récit commence fort : Winona tue Seth, un des illustres Steele Men. C'est la découverte de cet événement qui décide Virgil, fils du défunt, à traquer cette femme pour avoir sa confession puis la tuer. Mais celle-ci ne va pas se contenter de raconter ce point particulier de sa vie, elle va revenir sur toute son existence, rappelant à tout un chacun qu'un acte ne suffit pas à définir une personne, surtout s'il est retranscris par un extérieur...

Commence alors un incroyable récit, qui alterne plusieurs points de vue. Les paroles de Winona, qui nous livre avec une sagesse et un recul incroyables les meilleurs comme les pires moments de son existence. Le journal intime de Virgil, qui est intéressant en ce qu'il montre l'évolution de son ressenti et son jugement vis à vis de celle qu'il considère en premier lieu comme une atroce meurtrière. Enfin, des extraits d'un roman biographique sur les Steele Men, écrit d'après les propos de Frank Allen, un de ses membres (tellement bien fait, d'ailleurs, que je suis allée vérifier si ce livre existait : en fait, non).
L'alternance des passages, tous forcément subjectifs, a ceci de brillant qu'elle nous permet de capturer une image plus complète de chacun des personnages, et de remettre le tout en perspective. Cela nous rappelle qu'il est essentiel de faire attention à qui écrit l'histoire...

Sur le fond, ce roman nous rappelle la violence du traitement des Amérindiens en pleine guerre de sécession. Viols, pillages, massacres, séquestration de peuples mobiles sur des espaces restreints, destruction de leurs troupeaux... Rien n'est épargné au lecteur. Les pires passages pour moi ayant été ceux qui se déroulent au pensionnat où a été envoyée Winona toute jeune, et où les Blancs se sont échinés à faire oublier toute notion d'identité et d'appartenance à des gosses. Maltraitance physique, morale... on les bat, on les affame, on les laisse nu·e·s jusqu'à ce que l'idée fasse son chemin dans leur caboche de "mal-né·e·s", et j'en passe...
Puis Winona grandit, et croise la route de nombreux personnages dont les noms ne sont pas sans nous évoquer quelque chose ! Calamity Jane, Buffalo Bill, le marshall Bass Reeves... là encore, on les découvre sous un jour qu'on ne connaissait pas forcément, et c'est passionnant.

En résumé, la plume de Charlotte Bousquet a encore frappé, alternant violence et poésie. Elle m'a fait voyager dans un monde que je connais pourtant mal, et m'a fait passer des moments tantôt glaçants, tantôt poignants avec une héroïne au caractère bien trempé, un personnage féminin comme on voudrait en voir souvent...
Alors, quelle sera la prochaine destination ?

lundi 3 décembre 2018

Novembre 2018 en films !

Petit mois de novembre, la grisaille et la fatigue ont eu raison de notre motivation à sortir en direction des salles obscures. Heureusement, parmi les 4 heureux élus qui nous ont fait nous déplacer, un GROS, GROS coup de cœur !

Le top du top !

* Charismatique
Bohemian Rhapsody
Une énorme claque. Queen, on connait tous. Ou alors, on pense ne pas connaître, mais en entendant les chansons, on se rend compte qu'en fait, elles nous sont vachement familières. Celui que je connaissais moins, c'est Freddy Mercury, son chanteur emblématique. Et quelle découverte... Ce mec avait un charisme, un talent et un génie fous. Un culot, un sens du rythme, un côté novateur... Rami Malek est impressionnant de ressemblance et de justesse dans son rôle, et nous garde scotché·e·s de la première à la dernière minute de ce film entraînant et grandiose qui finit en apothéose. Les 30 dernières minutes ont été pour moi un temps de gros sanglots inextinguibles. Conquise.

Les autres

* Le plus malaisant
Le jeu
Une soirée entre potes, une idée à la con, et si tout le monde répondait aux messages et appels de tout le monde ? Forcément, ça dégénère... Entre secrets inavouables, grosses révélations et autres malentendus, ce huis-clos prend vite un tournant beaucoup moins drôle que prévu. Il en résulte une ambiance tendue au possible ! Mention spéciale pour la fin, dont je n'arrive pas à décider si j'ai adoré ou détesté...

* Quand les mots s'emmêlent
Un homme pressé
Luchini à lui seul suffit à me convaincre à aller voir ses films. Celui-ci n'est pas extraordinaire, l'intrigue est assez prévisible et j'ai regretté que le mélange des mots, comme on le voit chez certaines victimes d'un AVC, ne soit basé que sur l'homophonie. J'ai en revanche trouvé très touchant l'infirmier qui déploie une inventivité phénoménale pour essayer de séduire l'orthophoniste !


* Bal des niffleurs
Les Animaux Fantastiques 2 : Les Crimes de Grindelwald
On ne va pas se mentir, ce film doit énormément à sa réussite visuelle. Créatures, décors, costumes, c'est l'occasion de se replonger de plus ou moins loin dans le monde de HP. J'ai aimé les quelques recoupements avec la saga principale, retrouver Dumbledore et Fumseck, notamment... Mais globalement, le film aurait pu être nettement raccourci et plus recherché sur le plan scénaristique. Un bon moment quand même, mais bien loin des films qui m'ont conquise il y a des années !