dimanche 20 avril 2014

Mauvais genre - Chloé Cruchaudet

C'est Pâques et, comme le lapin d'Alice, J'suis en retard ! 
Voilà une chronique qui attend depuis presque un mois que je me décide à l'écrire, mais emploi du temps chargé oblige, elle patiente dans un coin de ma tête.
Edition : Delcourt / Mirages
Année de parution : 2013
Nombre de pages : 160 pages
Genre : BD, drame, biographie







Synopsis :
Paul et Louise s'aiment, Paul et Louise se marient, mais la Première Guerre mondiale éclate et les sépare. Paul, qui veut à tout prix échapper à l'enfer des tranchées, devient déserteur et retrouve Louise à Paris. Il est sain et sauf, mais condamné à rester caché dans une chambre d'hôtel. Pour mettre fin à sa clandestinité, Paul imagine alors une solution : changer d'identité. Désormais il se fera appeler... Suzanne. Entre confusion des genres et traumatismes de guerre, le couple va alors connaître un destin hors norme.

Mon avis

Mauvais genre est un one-shot biographique que j'ai pu découvrir grâce à l'opération la BD fait son festival de PriceMinister.
Au travers d'une histoire d'amour peu orthodoxe, il nous pousse à nous interroger sur les conditions de vie des uns et des autres pendant la guerre. Il nous pose également la question "Jusqu'où serions-nous capable d'aller pour rester en vie et/ou protéger ceux qu'on aime ?"
L'histoire commence dans un tribunal dans l'affaire Louise Landy et Paul Grappe mais immédiatement un flashback va nous amener à comprendre comment on en est arrivé là.
Les rares couleurs utilisées (bleu, blanc, rouge et noir) créent un univers très sombre correspondant à la morosité ambiante et aux conditions de vie pendant la guerre.
L'auteur nous distille à l'envie la peur et le désespoir de Paul dans les tranchées qui vont l'amener à se mutiler puis à déserter quand cela ne suffit pas à lui faire quitter le champ de bataille. 
Vient ensuite son désir de survie qui l'amène à changer radicalement d'identité. Il crée en effet le personnage de Suzanne en empruntant une robe à sa femme mais va devoir apprendre à adopter uniquement des attitudes féminines jusqu'à ce que ça devienne une seconde nature, aidé pour cela par l'amour et le dévouement de sa femme.
Nous sommes ensuite amenés à nous interroger sur la place que va venir prendre Suzanne dans la vie du couple. Elle semble en effet dotée d'une volonté et de désirs qui lui sont propre et prend peu à peu l'ascendant sur Paul au détriment de son couple et de sa santé mentale.
Le plus dérangeant dans cette histoire c'est que les personnages, attachants malgré leurs cotés sombres, humains tout simplement, nous amènent à comprendre les actions des deux protagonistes dans ce qu'elles ont de plus sordide... A lire !

dimanche 13 avril 2014

Printemps du livre de Montaigu

Cela faisait déjà quelques jours que Sol' me tannait pour aller faire un tour au Printemps du livre de Montaigu. Nous avons donc fait quelques emplettes au cas (improbable) où il n'y aurait pas de livres sur place et avons fait la petite heure de route qui nous séparait de l'évènement.

Une fois n'est pas coutume, nous nous mêlons donc à la foule. C'est une grande première pour elle et moi. Arrivée sur place elle arbore une jolie couleur verdâtre et pâlit de plus en plus à mesure que s'approche l'heure des dédicaces...
Nous commençons heureusement par Patrick McSpare, le plus bavard du lot, qui a vite fait de briser la glace et de nous noyer sous un flot d'informations de tous poils et d'anecdotes sur son binôme des Hauts Conteurs. Très occupé à discuter avec nous, il nous prouve que décidément ces messieurs peinent à faire plusieurs choses en même temps. Il en oublie le dessin qu'il était en train de réaliser ! Une fois son croquis terminé, nous l'abandonnons aux autres lecteurs et reprenons notre quête.
 Notre proie suivante est plus réservée. Il s'agit de Gabriel Katz, seul derrière sa pile de romans, plus légère après notre passage. Beaucoup moins bavard mais tout aussi sympathique, nous avons pu admirer la qualité de son coup de crayon, "Non c'est rien, je dessinais au fond de la classe". Nous reprenons ensuite notre route, non sans avoir obtenu la précieuse dédicace, et laissé l'adresse du blog en bonus.
Laissant Oliv(i)er Peru prendre un café, nous nous rangeons dans la file d'attente pour atteindre Pierre Bordage. Ce fut la douche froide, son aimable dédicace fut tempérée par le fait qu'il arrive à nous regarder de haut alors qu'il était assis et nous debout. Il y avait foule et cela tombait bien, nous n'avions plus envie de nous attarder.
Ouf, Olivier Peru était de retour, voilà qui nous a remonté le moral ! Presque aussi bavard que son collègue, il dessine "le gros moche" à la demande de Sol', sur le tome de Martyr que je lui ai offert pour l'occasion. On en profite aussi pour découvrir deux de ses BD Oracle et Zombie, avant de prendre le chemin du retour en l'absence de Marie Pavlenko.
C'était Titepousse et Sol' en (presque) direct du printemps de livre de Montaigu, à bientôt pour de nouvelles aventures.

Bien entendu, les textes et photos restent la propriété exclusive de Titepousse et Solessor. Aucune reproduction n'est autorisée.

Paco les mains rouges, tome 1 de Fabien Vehlmann et Eric Sagot

Reprise des chroniques avec une BD qui m'a gentiment été envoyé lors de l'Opération la BD fait son festival de PriceMinister ! Encore une fois, merci à vous, cette deuxième édition partagée m'a encore fait passer un bon moment ! Lumière, donc, sur Paco les mains rouges premier opus du diptyque.

Edition : Dargaud
Année de parution : 2013
Nombre de pages : 88 pages
Genre : BD, drame
 
 
 
 
 
 
 
Synopsis :
1er tome de Paco les Mains rouges, un diptyque signé Fabien Vehlmann et Éric Sagot ; témoignage sur le bagne de Cayenne et le sort réservé à ces condamnés que l'on envoyait à l'autre bout du monde... Dans ce premier épisode de Paco les Mains rouges, on découvre l'histoire d'un jeune instituteur auteur d'un crime passionnel qui échappe à la guillotine, mais se voit condamné au bagne à perpétuité. Son calvaire commence dès le voyage vers la Guyane. Là-bas, « Paco les Mains rouges », surnommé ainsi parce qu'il a commis un crime de sang, doit affronter la réalité d'un monde carcéral où règne la loi du plus fort, où il faut survivre à chaque instant sans avoir le moindre espoir de sortir libre. 1er des deux volets de Paco les Mains rouges, avec un cahier graphique en fin d'ouvrage ; une BD sur le bagne de Cayenne et un magnifique roman graphique.

Mon avis
Nous avons tous entendu parler du bagne, mais que savons-nous vraiment des conditions de vie réservées aux bagnards ? Cette BD fait la lumière sur un quotidien soupçonné, mais dont nous sommes loin de connaître toute l'horreur. Car, certes, ces hommes n'étaient pour la plupart pas des enfants de coeur, mais cela justifie-t-il ce qu'on leur a fait subir là-bas ?

A travers de la vie de Paco, jeune instituteur condamné au bagne suite à un crime passionnel, c'est la dure réalité de la vie à Cayenne qui nous est dévoilée. Ce récit particulièrement bien documenté révèle en effet le quotidien d'un gringalet qui doit apprendre à se faire respecter, à trouver sa place dans un univers où la loi du plus fort prévaut. 

Rien n'est épargné au lecteur : violence, magouilles des administrateurs, maladie, avec le paludisme qui n'épargnait pas les prisonniers, et même viol... Tout cela est présenté pudiquement, subtilement. En effet, les choses les plus horribles ne sont pas représentées mais suggérées, et le message passe, sans aucun doute.

Alors, on se prend d'amitié pour ce Paco, pourtant criminel mais qui s'avère plutôt avoir un bon fond. Il essaie de s'en sortir, jour après jour, avec l'idée de faire mentir les statistiques et de vivre plus longtemps que la plupart de ses camarades passés par les mêmes épreuves...

Et puis, il y a Armand, le tatoueur baraqué qui a pris Paco sous son aile. La complicité entre eux va progressivement faire naître des sentiments nouveaux et difficiles à appréhender...

Le style graphique est parfaitement adapté au scénario, et au thème traité. Le choix des teintes sépia, et le trait somme toute assez simple, offrent au lecteur une immersion dans cet environnement lourd, aussi bien dans le climat que dans l'ambiance. 

A noter également, à la fin de cet ouvrage, un superbe carnet graphique qui témoigne des échanges entre les deux auteurs, chacun apportant sa touche et ses modifications. On voit vraiment la bande-dessinée se mettre en place, c'est impressionnant et diablement intéressant !

En conclusion, cette BD traite brillamment un thème sombre et dramatique, et j'attends maintenant le deuxième opus qui clôturera ce diptyque, et s'annonce déjà riche en sentiments...