Il m'aura fallu m'y reprendre à deux fois pour lire ce roman à côté duquel je ne pouvais pas passer, puisqu'il s'agit d'un des romans fétiches de ma moitié. A lire avec une bonne disponibilité d'esprit, cependant, c'est un livre assez dense et exigeant !
Année d'édition : 1990
Nombre de pages : 664 pages
Genre : contemporaine
Edition : France Loisirs
Synopsis :
Lorsque John Wheelwright évoque avec nostalgie le puzzle invraisemblable de sa jeunesse, un personnage en émerge : Owen, son ami dont la frêle enveloppe dissimulait une volonté de fer, une foi absolue ou la conviction profonde qu'il était l'instrument de Dieu. Cet ange du Bizarre ne s'était-il pas assigné la double tâche de réparer le tort causé à John et de sauver le monde ?
Mon avis :
Sacrée lecture, lecture sacrée que celle-ci. Présentée par beaucoup comme un monument de la littérature américaine, elle a été ma deuxième incursion dans le monde de John Irving. Si je n'ai pas boudé mon plaisir, bluffée par plusieurs aspects du roman, j'ai aussi parfois été mal à l'aise...
Je me fais souvent gentiment charrier par ma moitié sur ma consommation exagérée de littérature jeunesse, et que j'aurais dû mal à lire autre chose. Que nenni. Il suffit juste de me conseiller... et d'être patient·e. Pas de ma faute si je reçois plus de recommandations dans certains domaines que d'autres !
Une fois n'est pas coutume, je vais commencer par là. Le style Irving. Quelle écriture ! Ses mots sont précis, ses phrases ciselées, et c'est avec grand plaisir que je me suis laissée happer par ces pages.
La structure du roman est elle aussi notable, puisque finalement on sait bien souvent ce qui va se passer avant l'heure, par le biais d'un certain nombre d'allers-retours entre présent (Johnny, le narrateur, est adulte et vit au Canada) et passé. Les anecdotes se succèdent, parfois sans que nous puissions voir exactement où l'on veut nous emmener... mais toutes les pièces du puzzle finissent par se mettre en place.
Ce roman, c'est aussi un contexte historique. Le récit se déroule sur une bonne vingtaine d'années, ce qui nous donne à voir certains événements historiques sous un jour nouveau : celui d'un citoyen américain. Pas d'un citoyen français, pas d'un livre d'histoire français... c'est vraiment intéressant. Plusieurs présidents se succèdent ainsi, mais aussi la Guerre Froide et surtout un autre conflit majeur et décrié : la Guerre du Vietnam.
Là-dessus viennent se greffer d'autres sujets du quotidien, encore bien présents dans la vie de nos voisin·e·s outre-atlantiques : la religion, la foi, ou encore la vie de deux familles en particulier qui semblent avoir bien peu en commun. En effet, si l'une est modeste, classique et plutôt en retrait, l'autre est au contraire bien dotée financièrement, très en vue, malgré un enfant "sans père" qui ne manque pas de faire jaser. Ce qui n'empêchera pas les enfants de ces familles de se lier d'une belle amitié, j'y reviendrai.
Le thème de la religion me tient généralement assez distante. Un peu difficile en plus, dans cette société américaine, de s'y retrouver entre les différents courants protestants qui ne manquent pas de se tirer dans les pattes et qui, s'ils découlent d'une même religion, semblent parfois partager peu de choses ! Mais je me suis finalement laissée prendre au jeu, essentiellement grâce à la guéguerre entre les deux pasteurs antagonistes : un ancien pilote de guerre au sourire ultra-bright très sûr de lui et un bègue qui doute et tente tant bien que mal de maîtriser sa marmaille. Devinez de qui je me suis sentie la plus proche.
Mais Une prière pour Owen, c'est avant tout une extraordinaire histoire d'amitié, entre Johnny Wheelwright, le fils de bonne famille, narrateur de l'histoire, et Owen Meany, l'insignifiant fils de carrier qui lui vole incontestablement la vedette. Au point qu'au-delà d'une histoire d'amitié, il s'agit davantage de l'histoire d'Owen. Ces deux-là partagent tout ! L'essentiel de leur temps, les jeux de Johnny, la famille de Johnny... oui, comme ça ça parait un peu déséquilibré... ça l'est.
Car la pièce maîtresse de cet ouvrage c'est Owen Meany. Malgré sa petite taille, l'absence de poids de ses parents dans le paysage local, et sa voix de fausset, le garçon devient une Voix, puis la Voix. Il en impose, son charisme est sans bornes, et sa montée en puissance spectaculaire. Au point parfois d'être malaisant pour moi dans certaines situations, comme dans son adoration et sa proximité physique avec la mère de Johnny, sa façon de s'approprier tantôt l'amarillo, tantôt le mannequin, ou encore le ton exécrable sur lequel il s'adresse à ses pauvres parents lors du spectacle de Noël.
Mais peu à peu, le personnage prend du galon, et utilise son aplomb et sa notoriété pour servir des causes qui lui semblent justes, sans jamais oublier son ami de toujours. De très sûr de lui il en vient même à douter, ce qui lui redonne un soupçon supplémentaire d'humanité. J'ai fini par l'aimer, moi aussi, Owen.
Quoi qu'on pense du fond, de la forme, une chose est sûre : personne ne peut rester indifférent à Owen Meany. Et c'est ce qu'est ce livre, rendu plus fort par d'autres qualités annexes : une belle plume, et surtout Owen Meany.
Année d'édition : 1990
Nombre de pages : 664 pages
Genre : contemporaine
Edition : France Loisirs
Synopsis :
Lorsque John Wheelwright évoque avec nostalgie le puzzle invraisemblable de sa jeunesse, un personnage en émerge : Owen, son ami dont la frêle enveloppe dissimulait une volonté de fer, une foi absolue ou la conviction profonde qu'il était l'instrument de Dieu. Cet ange du Bizarre ne s'était-il pas assigné la double tâche de réparer le tort causé à John et de sauver le monde ?
Mon avis :
Sacrée lecture, lecture sacrée que celle-ci. Présentée par beaucoup comme un monument de la littérature américaine, elle a été ma deuxième incursion dans le monde de John Irving. Si je n'ai pas boudé mon plaisir, bluffée par plusieurs aspects du roman, j'ai aussi parfois été mal à l'aise...
Je me fais souvent gentiment charrier par ma moitié sur ma consommation exagérée de littérature jeunesse, et que j'aurais dû mal à lire autre chose. Que nenni. Il suffit juste de me conseiller... et d'être patient·e. Pas de ma faute si je reçois plus de recommandations dans certains domaines que d'autres !
Une fois n'est pas coutume, je vais commencer par là. Le style Irving. Quelle écriture ! Ses mots sont précis, ses phrases ciselées, et c'est avec grand plaisir que je me suis laissée happer par ces pages.
La structure du roman est elle aussi notable, puisque finalement on sait bien souvent ce qui va se passer avant l'heure, par le biais d'un certain nombre d'allers-retours entre présent (Johnny, le narrateur, est adulte et vit au Canada) et passé. Les anecdotes se succèdent, parfois sans que nous puissions voir exactement où l'on veut nous emmener... mais toutes les pièces du puzzle finissent par se mettre en place.
Ce roman, c'est aussi un contexte historique. Le récit se déroule sur une bonne vingtaine d'années, ce qui nous donne à voir certains événements historiques sous un jour nouveau : celui d'un citoyen américain. Pas d'un citoyen français, pas d'un livre d'histoire français... c'est vraiment intéressant. Plusieurs présidents se succèdent ainsi, mais aussi la Guerre Froide et surtout un autre conflit majeur et décrié : la Guerre du Vietnam.
Là-dessus viennent se greffer d'autres sujets du quotidien, encore bien présents dans la vie de nos voisin·e·s outre-atlantiques : la religion, la foi, ou encore la vie de deux familles en particulier qui semblent avoir bien peu en commun. En effet, si l'une est modeste, classique et plutôt en retrait, l'autre est au contraire bien dotée financièrement, très en vue, malgré un enfant "sans père" qui ne manque pas de faire jaser. Ce qui n'empêchera pas les enfants de ces familles de se lier d'une belle amitié, j'y reviendrai.
Le thème de la religion me tient généralement assez distante. Un peu difficile en plus, dans cette société américaine, de s'y retrouver entre les différents courants protestants qui ne manquent pas de se tirer dans les pattes et qui, s'ils découlent d'une même religion, semblent parfois partager peu de choses ! Mais je me suis finalement laissée prendre au jeu, essentiellement grâce à la guéguerre entre les deux pasteurs antagonistes : un ancien pilote de guerre au sourire ultra-bright très sûr de lui et un bègue qui doute et tente tant bien que mal de maîtriser sa marmaille. Devinez de qui je me suis sentie la plus proche.
Mais Une prière pour Owen, c'est avant tout une extraordinaire histoire d'amitié, entre Johnny Wheelwright, le fils de bonne famille, narrateur de l'histoire, et Owen Meany, l'insignifiant fils de carrier qui lui vole incontestablement la vedette. Au point qu'au-delà d'une histoire d'amitié, il s'agit davantage de l'histoire d'Owen. Ces deux-là partagent tout ! L'essentiel de leur temps, les jeux de Johnny, la famille de Johnny... oui, comme ça ça parait un peu déséquilibré... ça l'est.
Car la pièce maîtresse de cet ouvrage c'est Owen Meany. Malgré sa petite taille, l'absence de poids de ses parents dans le paysage local, et sa voix de fausset, le garçon devient une Voix, puis la Voix. Il en impose, son charisme est sans bornes, et sa montée en puissance spectaculaire. Au point parfois d'être malaisant pour moi dans certaines situations, comme dans son adoration et sa proximité physique avec la mère de Johnny, sa façon de s'approprier tantôt l'amarillo, tantôt le mannequin, ou encore le ton exécrable sur lequel il s'adresse à ses pauvres parents lors du spectacle de Noël.
Mais peu à peu, le personnage prend du galon, et utilise son aplomb et sa notoriété pour servir des causes qui lui semblent justes, sans jamais oublier son ami de toujours. De très sûr de lui il en vient même à douter, ce qui lui redonne un soupçon supplémentaire d'humanité. J'ai fini par l'aimer, moi aussi, Owen.
Quoi qu'on pense du fond, de la forme, une chose est sûre : personne ne peut rester indifférent à Owen Meany. Et c'est ce qu'est ce livre, rendu plus fort par d'autres qualités annexes : une belle plume, et surtout Owen Meany.