dimanche 28 octobre 2012

Rien ne s'oppose à la nuit de Delphine de Vigan

Le roman que je vais présenter aujourd'hui fait partie du baby challenge littérature contemporaine. C'est un livre que je n'aurais probablement jamais choisi d'ouvrir sans lui, et qui m'a beaucoup changée de mes lectures "habituelles", bien que ces dernières soient assez éclectiques !



Edition : JC Lattès
Nombre de pages : 437pages
Genre : contemporaine
Année de parution : 2011





Synopsis 
« La douleur de Lucile, ma mère, a fait partie de notre enfance et plus tard de notre vie d’adulte, la douleur de Lucile sans doute nous constitue, ma sœur et moi, mais toute tentative d’explication est vouée à l’échec. L’écriture n’y peut rien, tout au plus me permet-elle de poser les questions et d’interroger la mémoire. La famille de Lucile, la nôtre par conséquent, a suscité tout au long de son histoire de nombreux hypothèses et commentaires. Les gens que j’ai croisés au cours de mes recherches parlent de fascination ; je l’ai souvent entendu dire dans mon enfance. Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l’écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre. Aujourd’hui je sais aussi qu’elle illustre, comme tant d’autres familles, le pouvoir de destruction du Verbe, et celui du silence. Le livre, peut-être, ne serait rien d’autre que ça, le récit de cette quête, contiendrait en lui-même sa propre genèse, ses errances narratives, ses tentatives inachevées. Mais il serait cet élan, de moi vers elle, hésitant et inabouti. » Dans cette enquête éblouissante au cœur de la mémoire familiale, où les souvenirs les plus lumineux côtoient les secrets les plus enfouis, ce sont toutes nos vies, nos failles et nos propres blessures que Delphine de Vigan déroule avec force.

Mon avis : 
Je le disais en introduction, ce livre est totalement différent de ce que je lis le plus souvent. Différent, et très dérangeant !

Il s'agit d'une autobiographie, ou plus exactement de la biographie de la mère de l'auteur, par l'auteur elle-même. On y découvre une famille nombreuse, au premier abord des plus communes. Pourtant, derrière cette façade, se cachent des drames, et une douleur indicible... Des thèmes très durs sont abordés, allant de la mort d'un membre d'une fratrie, d'une mère, à des abus sexuels pratiqués par des proches... Autant de sujets qui m'ont mise assez mal à l'aise, à cause de ce sentiment selon lequel je n'avais rien à faire devant ces scènes. Il faut dire que les premiers mots nous mettent dans l'ambiance :

"Ma mère était bleue, d'un bleu pâle mêlé de cendres, les mains étrangement plus foncées que le visage, lorsque je l'ai trouvée chez elle, ce matin de janvier. Les mains comme tachées d'encre, au pli des phalanges. Ma mère était morte depuis plusieurs jours."

La maladie mentale occupe également une grande place. Elle est racontée à la fois de l'intérieur, et avec détachement, ce qui donne un point de vue des plus intéressants. Là encore, l'ambiance est lourde, même si certains passages m'ont malgré tout faite sourire !

La construction du roman est assez particulière. En effet, Delphine de Vigan, que je connaissais seulement de nom pour savoir qu'elle est l'auteur de No et moi, a fait un choix original. Chapitre après chapitre, le lecteur suit l'alternance de scènes de la vie quotidienne de la famille, et des questionnements soulevés par l'écriture de ce livre. Les allers-retours entre passé et présent sont donc permanents, et m'ont dérangée par moments. Mais après tout, il n'est pas inintéressant de découvrir comment l'écrivain a conçu et ressenti son œuvre...

En définitive, ce roman m'a permis de découvrir de nouveaux horizons littéraires, ce qui est plutôt positif. J'ai pourtant du mal à dire ce que j'ai pensé de ce roman. Je n'ai pas réussi à m'attacher aux différents protagonistes, et le fait d'être plongée dans la part la plus sombre d'une famille dont je ne connais que ça m'a déstabilisée. Par moments, j'ai cru que j'allais abandonner... et d'autres instants m'ont vue dévorer les pages ! La seule chose dont je suis sûre, c'est que c'est un livre différent, qu'il faut lire pour se faire sa propre opinion !

dimanche 21 octobre 2012

Les enchantements d'Ambremer de Pierre Pevel

Une lecture de plus dans le Baby-challenge fantasy qui, décidément, n'en finit plus de me donner l'opportunité de faire de belles découvertes ! Cette fois-ci, c'est Les Enchantements d'Ambremer, de Pierre Pevel, qui m'a conquise.

Edition : Le Pré aux Clercs
Nombre de pages : 347 pages
Genres : fantasy, jeunesse
Année de parution : 2003

Synopsis 
Paris, 1909. La tour Eiffel est en bois blanc, les sirènes se baignent dans la Seine, des farfadets se promènent dans le bois de Vincennes... et une ligne de métro relie la ville à l'OutreMonde, le pays des fées, et à sa capitale Ambremer. Louis Denizart Hippolyte Griffont est mage du Cercle Cyan, un club de gentlemen-magiciens. Chargé d'enquêter sur un trafic d'objets enchantés, il se retrouve impliqué dans une série de meurtres. L'affaire est épineuse et Griffont doit affronter bien des dangers: un puissant sorcier, d'immortelles gargouilles et, par-dessus tout, l'association forcée avec Isabel de Saint-Gil, une fée renégate que le mage ne connaît que trop bien...

Mon avis : 

Sous couvert d'une histoire assez classique de fantasy, rassemblant des magiciens et des créatures fantastiques, Pevel nous offre quelques brins d'originalité. Le cadre, le Paris du début du 20ème siècle, ne manque pas d'être revisité. Ainsi, nous cheminons avec les protagonistes dans des rues que nous connaissons tous, si ce n'est pour y avoir déambulé, au moins de réputation et de nom. Nous redécouvrons des lieux cultissimes, telle la fameuse Tour Eiffel, sous un jour bien nouveau. En effet, notre belle dame de fer s'est transformée sous la plume de l'auteur en une dame de bois blanche et lumineuse, ce qui n'est pas pour me déplaire.

J'ai aussi beaucoup apprécié de croiser d'illustres noms - Georges Méliès, par exemple - et de découvrir une face cachée de ces gens que nous pensions du commun des mortels ! Des références qui font agréablement écho à la culture générale du lecteur !

Les personnages ne sont pas en reste, car Pierre Pevel a su leur donner un caractère tel qu'au fil des pages, on ne peut s'empêcher de sourire, ou d'émettre quelques remarques désobligeantes à leur sujet ("Quelle garce !"). Je pense particulièrement à Griffont, manifestement troublé et mené à la baguette par les femmes qui croisent son chemin. C'est un "père courage" magicien ma foi très sympathique, un peu décalé, et qui doit avoir fière allure sur sa Pétulante. Je pense aussi à la Baronne de Saint-Gil, à mes yeux le personnage le plus réussi, le plus abouti : ses remarques sont imparables et feraient plier n'importe qui ! Pas loin derrière, le chat ailé Azincourt qui se donne des airs aristocratiques avec son pseudo-accent anglais... Renversants !

Mais ce que j'ai préféré, dans ce livre, c'est la plume de l'auteur. Après un début difficile, où j'étais un peu désemparée devant ce mélange de littérature jeunesse et de vocabulaire très riche, c'est finalement le style propre de Pevel qui s'est imposé, pour mon plus grand plaisir. Les phrases sont cinglantes, les répliques des personnages, tantôt drôles, tantôt cyniques, les mettent particulièrement bien en valeur... Et puis, il y a ces remarques, adressées directement au lecteur : déstabilisantes, d'abord, mais tellement appropriées et humoristiques qu'on s'y fait. 
Les tournures utilisées m'ont vraiment séduites, et je ne résiste pas à vous donner un petit exemple, à propos d'un gnome :
" L'anarchiste qui dormait en lui avait le sommeil léger."
Brillant, non ?

En conclusion, bien que cela m'ait demandé un peu de temps pour entrer dans l'histoire somme toute assez banale, les touches de singularité apportées par l'auteur, et surtout son style, m'ont permis de passer un très bon moment et m'ont tout simplement donné envie de découvrir d'autres de ses œuvres, peut-être plus 'adultes'.

jeudi 18 octobre 2012

Le chant du Troll de Pierre Bottero

Toujours dans l'optique d'approfondir ma connaissance de Bottero, auteur qui m'a littéralement "tapé dans l’œil" si on peut dire, j'ai proposé ce soir à ma moitié de découvrir avec moi Le chant du Troll, un album jeunesse illustré par Gilles Francescano.

Edition : Rageot
Nombre de pages : 187 pages
Genres : Jeunesse, fantasy
Année de parution : 2010

Synopsis 
- Psssst ! Est-ce que tu es prête ?
- Je ne sais pas de quoi tu parles. Prête pour quoi ?
- Le basculement a débuté...


Mon avis : 
Cela faisait une éternité que je n'avais pas attrapé un album illustré, mais l'appel de Bottero et le classement de ce livre dans le top Bibliomania (Livr@ddict) ont eu raison de moi. Et quel bonheur...

Cet ouvrage est un petit joyau de tendresse, de poésie, mais aussi de tristesse... Ces sentiments se côtoient et se mêlent dans l'histoire, pour ressortir avec force dans l'âme du lecteur.
Le thème abordé est en apparence des plus anodins, des plus fantastiques, irréels. Il traite en effet d'une guerre à venir entre les "Forces de la Lumière", et les "Forces de la Nuit". Mais au-delà de cela, bien caché derrière une flopée de créatures de l'Imaginaire qu'on ne manque pas de redécouvrir, couve un sujet bien plus grave : la maladie d'une enfant. Les allusions y sont tantôt masquées, tantôt frontales, en témoigne le nom de l'ennemi suprême : Leucemia.

Les personnages sont assez attachants, bien qu'assez peu développés. L'héroïne, Léna, m'a interpellée dès le départ, j'ai ressenti tristesse et malaise devant cette gamine que personne ne semble voir, que personne ne veut entendre... Les créatures imaginaires sont, elles, assez stéréotypées, ce qui est toujours drôle !

Je ne peux pas parler de ce livre digne de Bottero sans évoquer le dessinateur, Gilles Francescano. Son dessin est merveilleusement abouti, tant dans le monde urbain tel que nous le connaissons, que dans le monde imaginaire "touffu" ! Elfes, trolls, nains et autres harpies y sont représentés sous toutes les coutures, un vrai plaisir pour les yeux... Mon coup de cœur va sans hésiter au nain et à son équipement du tonnerre !
 
Une question me taraude tout de même : que comprennent les plus jeunes de ce livre ? S'ils n'ont jamais entendu parler de la maladie en question, quel est leur interprétation ? Les niveaux de lecture varient peut-être en fonction de l'âge du lecteur...

En tout cas, foncez vous faire votre propre opinion au sujet du Chant du Troll, un livre de plus sur la liste des coupables de m'avoir extorqué des larmes !

Un dernier mot avant de vous quitter, avec ma phrase préférée, qui se veut surtout être un clin d’œil bien peu discret : "Tu es beaucoup plus beau quand tu ne t'inventes pas un mauvais caractère."

vendredi 12 octobre 2012

L'élégance du hérisson de Muriel Barbery

Les circonstances actuelles nous empêchent décidément de poster régulièrement par ici... Qu'importe, nous voilà de retour ! Je ne vais pas parler aujourd'hui de ma dernière lecture, mais d'une plus ancienne, qui avait été un de mes coups de cœur... L'élégance du hérisson de Muriel Barbery !

Edition : Folio
Nombre de pages : 413 pages
Genres : contemporaine
Année de parution : 2006

Synopsis 
" Je m'appelle Renée, j'ai cinquante-quatre ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois.
Je suis veuve, petite, laide, grassouillette, j'ai des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Mais surtout, je suis si conforme à l'image que l'on se fait des concierges qu'il ne viendrait à l'idée de personne que je suis plus lettrée que tous ces riches suffisants.

Je m'appelle Paloma, j'ai douze ans, j'habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches.
Mais depuis très longtemps, je sais que la destination finale, c'est le bocal à poissons, la vacuité et l'ineptie de l'existence adulte. Comment est-ce que je le sais ? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même. C'est pour ça que j'ai pris ma décision : à la fin de cette année scolaire, le jour de mes treize ans, je me suiciderai. "

Mon avis : 
Ce livre a été un coup de cœur pour moi, un vrai ! Les responsables de ce succès : les personnages... C'est pourquoi mon avis sera principalement axé sur eux. La galerie que nous propose l'auteur est en effet aussi variée que colorée.

Commençons par Paloma, cette pré-ado prétentieuse et supérieure... Ses remarques concernant le monde et son entourage ne sont pas sans énerver, désespérer, voire hérisser le lecteur. Difficile au premier abord de l'apprécier ! Et pourtant, au fil des pages, elle évolue, grandit, et sait se faire mieux apprécier du spectateur que nous sommes. C'est d'ailleurs l'un des personnages qui évolue le plus au cours du roman... ouf !

Renée, la concierge, n'est pas en reste quant au caractère. Vieille veuve aigrie... c'est à n'en pas douter le hérisson dont parle le titre ! Car apparemment, qui s'y frotte s'y pique ! Du coup, on évite de s'y frotter... A tort, peut-être ? En réalité, ce personnage d'apparence simple est un des plus complexes, poussés, et surtout, à mon humble avis, le plus attachant. L'histoire progresse, et ne manque pas de révéler de nouvelles facettes de la fameuse Renée, dont les émotions nous touchent à coup sûr !

Avec deux protagonistes si moroses et renfermés, visiblement écrasés par une vie qui ne semble leur apporter que bien peu de joie, on se doute que la rencontre ne peut qu'être explosive. Comment la communication serait-elle possible ? C'est là une bien belle histoire d'amitié naissante que nous offre Muriel Barbery. Petit à petit, jour après jour, Renée et Paloma se toisent, se jaugent, puis s'apprivoisent... 

D'autres personnages desservent le récit de façon amusante, et ne manquent ne nous faire réfléchir : les parents de la jeune fille, deux adultes qui ont manifestement oublié ce qui rend heureux, et sont à des lieues de l'idéal de parents de Paloma... la grande sœur, insupportable archétype de l'adolescente en crise... Parmi eux, se glisse un personnage dont le raffinement l'élève au-dessus du commun des mortels. Un homme adorable et prévenant, qui va en bouleverser plus d'une...

Tous, autant qu'ils sont, sont des arguments pour la lecture de ce roman ! Mais ce n'est pas tout. La plume de l'auteur n'enlève rien au plaisir du lecteur. Une plume légère, incisive, qui rend si vivante les scènes du quotidien de tous ces destins croisés !
La fin, quant à elle, est brillante... Inattendue, formidablement bouleversante, elle fut un choc pour moi, et a bien entendu réussi à m'arracher une larme... Foncez-y !