lundi 10 février 2014

Le faire ou mourir de Claire-Lise Marguier

Récemment, ma copinaute Faurelix est venue me solliciter pour une lecture commune portant sur un court roman entré peu de temps plus tôt dans ma PAL, et qu'il me tardait vraiment de découvrir : Le faire ou mourir de Claire-Lise Marguier.

Edition : Editions du Rouergue
Année de parution : 2011
Nombre de pages : 103 pages
Genre : jeunesse, drame







Synopsis :
Damien est un garçon trop sensible, méprisé par ses copains de classe depuis toujours et incompris de ses parents. Dès l arrivée dans son nouveau collège, il se retrouve par miracle sous la protection de la bande de gothiques et de son leader, Samy, un garçon lumineux, intelligent et doux, en dépit de son look radical. Très vite, Damien devient Dam, adopte piercings et vêtements noirs et, surtout, trouve auprès de Samy un véritable ami, et peut-être plus, au point de déclencher des représailles chez son père, contre ces « mauvaises fréquentations ».

Mon avis :
La couverture donne le ton : en ouvrant ce livre, on ne se plonge pas dans une comédie, mais bel et bien dans un drame. Et quel drame.

J'ai fini ce livre il y a quelques instants, et...wow... je ne sais pas par où commencer.

On y fait la connaissance de Damien, aka Dam, un lycéen qui est et a toujours été le souffre-douleur de ses petits camarades. En apparence sans histoire, l'adolescent porte au fond de lui une grande souffrance que personne ne semble (vouloir) voir. Jusqu'au jour où il fait la connaissance d'une bande de gothiques, parmi lesquels Samy... sa vie va alors changer quelque peu.

Ces deux protagonistes sont extrêmement attachants, chacun à leur façon. Dam, puîné d'une famille de deux enfants, retient peu l'attention de ses parents, voire s'attire leurs foudres permanentes pour un rien. Les liens familiaux semblent ténus, le jeune garçon se fait rudoyer quotidiennement. Le lecteur n'a d'autre choix que de se prendre d'affection pour lui, ce qui n'exclue pas d'avoir parfois envie qu'il se donne un coup de fouet, pour sortir de cette galère. Face à eux, une famille réduite mais unie, un duo touchant tellement il déborde d'amour et de compréhension : Samy et sa mère. 
Trouvant en Samy une oreille attentive, Dam va se rapprocher de l'adolescent à l'apparence si sombre, qui cache une douceur incroyable. Partant d'une forte amitié, les deux se lient peu à peu d'un sentiment confus... puis beaucoup plus clair : ils s'aiment.

C'est à travers les pensées de Dam que nous découvrons ce roman. Cette incursion dans son esprit, dans sa conscience, implique entièrement le lecteur, qui n'est alors plus vraiment spectateur mais presque acteur. Le parti pris peut surprendre dans la forme, puisqu'il en résulte une retranscription des dialogues tels qu'une personne les réciterait, donc pas du tout structurée, avec guillemets et tirets. Etonnant au départ, mais on s'y fait rapidement. On avale les pages d'une traite, sans les voir passer, malgré les paragraphes assez trapus. Autre avantage du point de vue adopté par l'auteur : le "parler ado" est conservé.

Le style qui en résulte est touffu, dense, mais conforme aux pensées de Dam, comme elles lui viennent. On est tous passé par là, on sait à quel point les choses peuvent parfois se bousculer dans la tête d'un lycéen.

A travers cette histoire tout à fait réaliste, des sujets durs et importants sont brillamment traités.
Le fossé qui existe parfois entre l'être et le paraitre, les préjugés d'abord. La peur, face à un phénomène qu'on ne s'explique pas, comme les gothiques ici : vêtus de couleurs sombres, maquillés et coiffés bizarrement, ce sont forcément des tueurs psychopathes à la sexualité douteuse...
La violence des sentiments ressentis mais qu'on n'arrive pas à exprimer par des mots, et qui sort autrement est un autre point important : scarifications, troubles alimentaires, souffrance infligée à soi-même... Évoquer ce sujet dans un roman destiné à des adolescents est capital, et contribue grandement à leur faire entrevoir une porte de sortie. C'est joliment fait, ça aussi.
Et puis, il y a le questionnement sur sa sexualité, la quête identitaire. Les difficultés qui peuvent être rencontrées quand un jeune ou moins jeune sort des cadres pré-établis, des modèles universels de vie, des schémas "qu'on avait imaginé pour lui". Claire-Lise Marguier donne une description subtile et précise de l'incompréhension rencontrée par Dam, du rejet des autres, de sa peur d'admettre ses sentiments.

A travers cette petite centaine de pages, les sentiments passent, aucun doute. Les larmes me sont même venues aux yeux à plusieurs reprises. Et cette fin ! Je vous laisse lire. Un twist que je n'avais absolument pas vu venir !

Sans aucun doute, Le faire ou mourir restera dans mes lectures marquantes. C'est une grosse claque, un moment fort et prenant, que je vous invite à partager et faire partager sans tarder ! J'ai le sentiment que ma chronique n'y rend pas suffisamment hommage. Lancez-vous, voilà tout !

Vous pouvez aussi découvrir l'avis de Faurelix, également soufflée par ce livre, par ici ! Et j'en profite pour remercier Titepousse, puisque c'est elle qui m'a permis cette découverte...

samedi 8 février 2014

Chien du heaume - Justine Niogret

Synopsis :
On l'appelle Chien du Heaume parce qu'elle n'a plus ni nom ni passé, juste une hache ornée de serpents à qui elle a confié sa vie. La quête de ses origines la mène sur les terres brumeuses du chevalier Sanglier, qui règne sans partage sur le castel de Broe. Elle y rencontre Regehir, le forgeron à la gueule barrée d'une croix, Iynge, le jeune guerrier à la voix douce, mais aussi des ennemis à la langue fourbe ou à l'épée traîtresse. Comme la Salamandre, cauchemar des hommes de guerre... On l'appelle Chien du Heaume parce qu'à chaque bataille, c'est elle qu'on siffle.

Mon avis : 
Je suis tombée sur ce livre dans un vide grenier, le titre et la couverture m'ont plu, il a donc fini dans ma bibliothèque. Après plus d'un an à prendre racine sur une étagère, j'ai décidé en voyant les excellents échos qui l'entouraient de l'intégrer à ma liste du challenge ABC de l'imaginaire.

Me voilà donc plongée dans ce qu'il y a de moins poétique (ou courtois) au moyen âge ! En cela, le style utilisé est parfaitement adapté à la sauvagerie de l'époque. Le style est âpre, rugueux, il nous permet de sentir la fumée qui peine à s'échapper des cheminées encrassées nous piquer les yeux pendant la lecture. 

La quasi absence d'action nous permet de ressentir pleinement l'ennui qui frappait les guerriers cantonnés dans les forts à la saison froide. Pour l'immersion, nous sommes donc servis ! Le peu d'action du livre se concentre en effet dans les derniers chapitres, pour peu que nous ayons survécu au gel.

La quête d'identité de l'héroïne, perdue sans nom et sans passé dans cet univers bestial, aurait pourtant pu fournir un excellent support à quelques développements. Et ce d'autant plus que les personnages principaux sont assez bien travaillés et laissaient la porte ouverte à des interactions plus poussées.

En définitive la partie que j'ai préféré est la série de notes de fin pleines d'humour et reflétant le véritable style de l'auteur.

En bref, même si je comprends bien le parti pris stylistique accentuant l'immersion dans cet univers sombre et violent, j'ai été fort déçue par le scénario.

N.B : On dira ce qu'on veut de nos sociétés modernes mais j'apprécie l'évolution !