dimanche 10 juin 2018

Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?

Article qui met la pression aujourd'hui ! Une autobiographie signée Jeanette Winterson portée aux nues par quelqu'un de proche... Un de ses ouvrages de référence... Mince, et si je n'aimais pas ?

Année de parution : 2011
Nombre de pages : 260 pages
Genre : autobiographie, contemporaine
Edition : Points







Synopsis :
Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?

Étrange question, à laquelle Jeanette Winterson répond en menant une existence en forme de combat. Dès l'enfance, il faut lutter : contre une mère adoptive sévère, qui s'aime peu et ne sait pas aimer. Contre les diktats religieux ou sociaux. Et pour trouver sa voie.

Ce livre est une autobiographie guidée par la fantaisie et la férocité, mais c'est surtout l'histoire d'une quête, celle du bonheur. «La vie est faite de couches, elle est fluide, mouvante, fragmentaire», dit Jeanette Winterson. Pour cette petite fille surdouée issue du prolétariat de Manchester, l'écriture est d'abord ce qui sauve. En racontant son histoire, Jeanette Winterson adresse un signe fraternel à toutes celles - et à tous ceux - pour qui la liberté est à conquérir.

Mon avis :

Le début de ma lecture a été un peu chaotique, pour plusieurs raisons. La première, je ne m'attendais pas à une autobiographie. Enfin si, mais pas tant. Plus romancée, peut-être. Et puis, les premières pages sont jalonnées de références à un ouvrage précédent de l'autrice, Les oranges ne sont pas les seuls fruits. Et comme je ne l'ai pas lu, je me sentais un peu exclue, à côté de la plaque. La chronologie non-linéaire a fini de me déstabiliser, conférant presque une impression de fouillis. Ça aurait pu mal se passer, et finalement... non. A l'image du beau Le bruit et la fureur, qui m'a été conseillé par la même personne, passé un temps d'adaptation je me suis laissée entraîner dans l'enfance de Jeanette Winterson, qui n'a rien de joyeux...

En effet, s'il y a quelque chose que l'autrice n'a pas connu, c'est un début de vie doux et agréable. Adoptée pour des raisons obscures par des parents qui auraient préféré un fiston, en particulier Paul, le p'tit mec du berceau d'à-côté, elle se l'entendra rappeler à chacune de ses bêtises par sa mère.

Parlons-en, de sa mère. Déteste-t-elle sa fille ? N'a-t-elle pas le mode d'emploi de la manifestation de l'amour ? Je l'ignore, mais toujours est-il que la jeune Jeanette va en voir de toutes les couleurs. A la moindre contrariété, sa mère la laisse passer la nuit dehors, ou dans l'appentis où est stocké le bois, dans le noir, sans rien pour se nourrir ou s'occuper. Sympa, hein ? Leur relation est d'une violence extrême et fait froid dans le dos. Un tel acharnement m'a provoqué un vrai malaise. Seule lueur dans cette vie morose : les moments passés à apprendre la lecture sur des passages de la Bible. Car les parents de Jeanette sont des Evangélistes, radicaux, pour eux c'est la parole de Dieu qui prime.
Je n'ai pas parlé du père car il n'y a pas grand chose à en dire : il est transparent, soumis et inutile. Tout juste adresse-t-il un mot à sa fille lorsqu'il rentre au plus profond de la nuit et la trouve sur le palier.

Heureusement, la petite fille grandit, pleine de malice, de force et de curiosité. C'est ce qui va causer sa perte, d'abord, puis la sauver. Elle découvre la littérature britannique, se passionne rapidement pour elle, y consacrant tout son argent de poche. C'est le début des (autres) problèmes avec la matrone, qui ne reconnait aucun autre texte que la Bible, et brûle les précieux imprimés.

Les ennuis n'arrivant jamais seuls, Jeanette se révèle rapidement être lesbienne. Et là, les foudres parentales se déchaînent sur elle. Son orientation sexuelle n'a pas sa place au sein du fanatisme et du dogmatisme religieux qui constituent sa cellule familiale. Acharnement, exorcisme, rien ne lui est épargné... Heureusement, la vie met sur notre chemin à tous des gens hors du commun, sorte de bouées dans une mer tourmentée, qui nous permettent de nous raccrocher et de nous en sortir. Cette personne, pour l'autrice, a été une de ses professeur·e·s. Une autre vie commence.

Mais alors, Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? C'est la question que pose lui pose sa mère, dégoûtée par ses attirances amoureuses. Peut-être parce que la vie serait bien triste, sinon ? Et pourquoi tant s'acharner sur les gens heureux si ce n'est parce qu'on a choisi soi-même d'être normal, au détriment d'autre chose ? Une de mes premières hypothèses a été que Mrs Winterson était elle-même lesbienne, sans pour autant l'accepter. Ce qui expliquerait bien des choses, notamment son rapport à son mari... 

Je serais bien curieuse d'avoir vos avis ! En attendant, j'ai lu ce roman en apnée, désireuse de voir Jeanette s'en sortir, faire son bout de chemin heureux, et faire un pied-de-nez à son début de vie chaotique... Happée, finalement. Alors soyez vous-mêmes, les gens, soyez différent·e·s. Parce que notre richesse réside dans notre diversité, et, bon sang, qu'est-ce qu'on se ferait chier sinon !

4 commentaires:

  1. Ce n'est pourtant pas le livre de l'année, mais il a quelque chose, indéniablement. Du caractère, hérité de son auteure ? Une façon d'attaquer les problèmes qui me parle et une sorte de poésie dans l'écriture malgré tout. Avec le temps je m'aperçois que les romans de Winterson que j'ai le moins aimé, comme la passion, ou l'autre, avec les sirènes, sont aussi ceux qui me marquent le plus par leur originalité. A découvrir un jour peut-être de ton côté ?

    ♥♥♥ !!

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    1. Pas le livre de l'année non plus. Je m'étonnais du 20 que tu lui avais allègrement attribué sur Livraddict ! On a des moments de bonté, parfois. Je pense effectivement que c'est le tempérament de l'autrice qui ressort dans ce livre et qui le rend si prenant !

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  2. J'ai mis 20... mais oui par ma barbe c'est vrai... Je devais être toute exaltée encore. Quand je suis normale, je suis pondérée et mesurée c'est bien connu.
    Ceci dit, why be normal when you could be happy !!

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    1. C'est beau, l'exaltation. J'aurais dû demander ma note de suite. Maintenant, j'ai peur.

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