samedi 11 mai 2019

Simetierre de Stephen King

Ça faisait une éternité que je n'avais pas remis le nez (de façon sérieuse) dans un Stephen King. Auteur qui a pourtant bercé mes tendres années, puisque ses romans ont fait partie de mes premières lectures "adultes". Il n'y a pas loin d'une vingtaine d'années...

Année d'édition : 2003
Nombre de pages : 636 pages
Genre : Horreur, fantastique
Edition : Le livre de poche







Synopsis :
Louis Creed, un jeune médecin de Chicago, vient s'installer avec sa famille à Ludlow, charmante petite bourgade du Maine. Leur voisin, le vieux Jud Grandall, les emmène visiter le pittoresque vieux "simetierre" forestier où des générations successives d'enfants de la localité ont enterré leurs animaux familiers. Mais, au-delà de ce "simetierre", tout au fond de la forêt, il en est un second, et c'est un lieu imprégné de magie qui vous enjôle et vous séduit par de mystérieuses et monstrueuses promesses. Bientôt, le drame se noue, et l'on se retrouve happé dans un suspense cauchemardesque, tellement affreux que l'on voudrait s'arracher à cette lecture...

Mon avis :
Mais quel bonheur de retrouver cet auteur dans un de ses romans emblématiques... J'ai replongé avec joie dans l'écriture si particulière du maître, dans ses ambiances si travaillées et amenées avec brio.

Ludlow, Maine. Louis Creed, médecin de son état, découvre avec sa famille la maison qu'il vient d'acheter, située sur un grand terrain délimité par une route passante et bordée, un peu plus loin dans la forêt, par le mythique Simetierre, fréquenté par les gamin·e·s du coin depuis des décennies.

Ce roman, comme souvent chez l'auteur, c'est avant tout une longue partie d'installation. L'ambiance, les personnages, les lieux se créent et deviennent plus tangibles page après page. Il est vrai que si vous avez en ce moment besoin d'un livre qui entre directement dans le feu de l'action, celui-ci n'est pas pour vous. Moi, j'avais le temps, j'avais envie de me laisser immerger dans cet univers, et c'est presque à regret que j'ai vu les premiers éléments perturbateurs se déclencher. Je serais bien restée encore un peu assise avec Norma, Louis et Jud sous la véranda des anciens à boire quelques bières et parler du coin, de la vie.

Les éléments fantastiques sont distillés petit à petit : visite du Simetierre, cauchemars de Louis... Le roman monte en puissance à mesure que l'on découvre les traditions et croyances des Indiens Micmacs et leur Wendigo, anciens habitants de ces terres.

Quand un événement tragique vient perturber le quotidien de la famille Creed, les réactions se font diverses, en fonction du passé des personnages, de leur personnalité. Il en découle un traitement très intéressant du rapport à la mort, et du deuil. Rachel, la femme de Louis, a connu des événements assez morbides dans son enfance, qui ont provoqué chez elle une phobie qui l'empêche d'aborder le sujet. Louis, lui, a en tant que médecin côtoyé la mort plus souvent qu'à son tour. Pour lui, elle fait partie de la vie, et il faut l'accepter... dans la limite de l'acceptable. Dès lors, difficile de s'accorder sur la conduite à tenir vis à vis des enfants. Faut-il les protéger ou les préparer ? Des questions sous-jacentes (que je trouve) passionnantes.

Les relations humaines sont également un point fort de l'écriture. Les tensions entre Louis et ses beaux-parents sont crispantes... On voit également comme elles peuvent évoluer dans des circonstances particulières, en bien ou en mal. Mention spéciale aussi à Louis et Rachel, qui ont une capacité assez extraordinaire à faire l'amour en toutes circonstances, chapeau.

L'écriture en elle-même est assez simple dans les mots employés. Je suis restée scotchée par la tendance de Stephen King à nous spoiler allègrement, nous annonçant des événements majeurs des dizaines de pages (a minima) avant qu'ils se produisent. Et le pire, c'est que ça ne gâche rien. 
Toujours étonnée aussi de voir à quel point il arrive à rendre des atmosphères aussi vivantes, aussi prenantes : bruits, odeurs, jeux de lumières, sensations... tout y est, et je me suis vraiment retrouvée avec les protagonistes dans la forêt à vivre mes balades les moins paisibles.

Je ne développe pas trop l'histoire pour ne pas spoiler plus que le maître lui-même, juste un mot sur la fin. Si elle en a frustré plus d'un·e, je l'ai trouvée parfaite. Pour le côté irrémédiable, pour laisser libre cours à quelque chose qui nous dépasse... Lisez-le.

Dernière mise en garde pour les propriétaires de chats : après avoir vécu 600 pages aux côtés de Church, vous ne verrez plus vos compagnons de la même façon...

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