vendredi 3 avril 2020

Idaho d'Emily Ruskovich

J'ai eu une super idée que j'aurais dû avoir depuis bien longtemps... proposer un cycle de lectures communes à ma femme ! J'ai choisi quelques titres dans sa liste, elle dans la mienne, un petit tirage au sort pour déterminer l'ordre, et voilà... nous aurons maintenant toujours en cours un titre commun ! Cette première expérience a été fort agréable et amusante ! Au programme, découverte de la maison Gallmeister avec Idaho.

Année d'édition : 2019
Nombre de pages : 384 pages
Genre : contemporaine
Edition : Gallmeister







Synopsis :
Idaho, 1995. Par une chaude et insouciante journée d'août, Wade, Jenny et leurs deux petites filles, June et May, se rendent dans une clairière de montagne pour ramasser du bois. S'y produit soudain un drame inimaginable, qui détruit la famille à tout jamais. Neuf années plus tard, Wade a refait sa vie avec Ann au milieu des paysages sauvages et âpres de l'Idaho. Mais tandis que la mémoire de son mari vacille, Ann devient obsédée par le passé de Wade. Déterminée à comprendre cette famille qu'elle n'a jamais connue, elle s'efforce de reconstituer ce qui est arrivé à la première épouse de Wade et à leurs filles.

Mon avis :
Cette lecture a été épique, mais pas pour les raisons qu'on pense.
Idaho, c'est avant tout l'histoire d'un homme, Wade, qui oublie la sienne. Touché par une démence familiale précoce, héritage malheureux des générations passées, il perd peu à peu ses souvenirs, et voit son comportement se modifier également, malgré lui.
Ces passages sur la mémoire défaillante ont particulièrement résonné en moi. J'ai reconnu les signes, les astuces pour les contourner, aussi bien du malade que de ses proches.

L'avantage, si on peut en trouver un, c'est que cette démence permet aussi d'oublier les zones les plus sombres de sa propre histoire. Pour Wade, la vie n'a pas été clémente : un drame incommensurable l'a privé de sa femme Jenny, et de ses deux filles, June et May. Lorsqu'il parvient à passer le cap et à refaire sa vie, rien n'est simple pour sa nouvelle compagne, Ann.

Difficile en effet de trouver sa place lorsque les absents sont si présents dans son esprit, et si lointains dans celui de son mari. Des zones de mystère subsistent, nous en découvrons des pièces petit à petit jusqu'à ce que le puzzle semble se mettre en place. La relation entre les deux femmes qui ne se connaissent pas est, paradoxalement, très forte. Jenny obsède Ann. Maintenir son souvenir et celui des deux enfants est un besoin viscéral pour cette dernière. Je suppose que cette idée fixe est exacerbée par l'isolement dans lequel ils vivent, puisque leurs seuls voisins directs sont des dizaines d'arbres à flanc de montagne, et que l'hiver ils ne peuvent même pas redescendre au village le plus proche en voiture.

Le roman est construit de telle façon qu'on voit le tableau couleur par couleur, par le petit bout de la lorgnette. Alternance des époques, des lieux... nous voyageons dans le temps de façon déconcertante. Cette construction (et indubitablement l'étiquette "thriller" qui estampille ce roman sur sa fiche Livraddict...) m'ont fait suivre de nombreuses fausses pistes. J'ai élaboré des hypothèses, fière de moi, certaine d'avoir mis à jour le mystère le mieux gardé de ces 400 pages. Le fait de lire en commun, d'échanger des avis, n'a fait que monter les enchères sur le twist final...

... bon. Il se trouve que tout le monde a été dupé par cette étiquette que j'avais scrupuleusement relayée. Cette histoire, c'est juste celle d'un homme qui a connu l'horreur, qu'il a oubliée, et de sa nouvelle femme qui ne l'a pas connue, mais veut s'en souvenir. Mais c'est bien réalisé !

Plusieurs questions sont soulevées, notamment sur la nécessité ou non de se souvenir de tout, ou la possibilité ou non de tout pardonner. Sur ce qui fait que quelqu'un de calme et bien sous tous rapports peut, un jour, se retrouver à commettre la pire des atrocités... et sur l'espoir dans l'absence d'un être aimé...

Je conseillerais probablement à des amateurs/amatrices de littérature contemporaine. Pas à un lectorat qui ne jure que par le thriller !

L'avis de ma co-lectrice par ici : Idaho chez Sound.

2 commentaires:

  1. C'est vrai que cette manie d'étiqueter tout de façon à faire naître du suspense là où ça n'était pas l'objectif est assez agaçante. Au final, il y a déception, alors que sans attente particulière, ça n'aurait pas eu le même impact.

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    1. Je ne pense pas que ce soit une manoeuvre des éditeurs pour le coup. C'est une étiquette Livraddict... faudrait voir comment c'est classé sur d'autres sites !
      Mais tout à fait d'accord sur le fait que l'appréciation aurait été bien différente en ne partant pas du principe que c'était un thriller !

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